Ce n’est un secret pour personne que la Jirama va mal. Le reportage d’investigation « Jiro maizina » ou Lumière obscure apporte quelques explications à la situation.
Le reportage d’investigation « Jiro maizina » met le doigt sur une mauvaise gouvernance flagrante à la tête de la compagnie nationale et appuie fort dessus à l’image de Ketakandriana Rafitoson, la secrétaire exécutive de Transparency International – Initiative Madagascar qui a présenté le reportage. « Ce sont des choses qu’on a déjà entendues. Il faut crever l’abcès », lance-t-elle en marge de l’avant-première.
La vidéo s’est attardée sur les contrats léonins qui lient la Jirama à ses fournisseurs. Il faut savoir que la compagnie ne produit pas la totalité de l’électricité qu’elle distribue. Elle se fournit actuellement auprès d’une trentaine d’entreprises dont la plupart font du thermique. Cocasserie flagrante mise en avant par le reportage, les contrats basés sur la puissance installée et non sur la puissance produite. « On établit un contrat d’achat pour 40 MW. Les groupes électrogènes correspondants sont installés mais ils produisent à peine 15 à 20 MW, or le contrat est calculé en fonction des 40 MW », fait savoir le ministre de l’Energie Andry Ramaroson dans la vidéo, citant un exemple. Le ministre s’est félicité de la renégociation dudit contrat en 2020.
Transition énergétique
L’appel à la renégociation des contrats ne date cependant pas d’hier. Le FMI s’est penché sur la question durant le précédent régime dans le cadre des conditionnalités de la Facilité élargie de crédit. Un rapport d’évaluation du Programme d’appui à la réforme du secteur de l’énergie sorti en novembre 2016 indique que la signature des contrats d’achat d’électricité et la location de centrales et de groupes dans des conditions non optimales constitue une des contraintes qui doivent être levées. Pour l’heure, on ne sait pas exactement où en est la Jirama dans la renégociation de ces contrats. Le ministre a admis que « ce fut un vrai combat car on déleste une entreprise d’une grosse somme d’argent ».
Pour « Ke », il ne fait aucun doute que Madagascar se retrouve en face de cas de corruption. Le rapport du FMI indique d’ailleurs que sur 77 contrats passés, 36 peuvent être assimilés à des suspicions de contournement de marché public. La secrétaire exécutive de TI-IM va plus loin en s’interrogeant sur le fait que Madagascar s’entête à se tourner vers le thermique malgré la Nouvelle politique de l’énergie de 2015 qui prône la transition énergétique. Pour elle, il est clair qu’il y a des intérêts en jeu dans ce maintien du thermique.
Du côté de Malina, le réseau de journalistes d’investigation, soutenu par TI-IM, assure que les investigations vont se poursuivre autour du secteur d’énergie à Madagascar où il est question de beaucoup de sous qui plombent non seulement la Jirama mais également les caisses l’Etat avec les subventions faramineuses accordées à la compagnie.
Tolotra Andrianalizah