Depuis quelques années, les campagnes électorales à Madagascar prennent des allures de show où l’argent coule à flot. Mais d’où vient tout cet argent ? Envers qui l’élu sera-t-il redevable ? Les électeurs ou ses financeurs ?
À deux ans de l’échéance présidentielle, Transparency International-Initiative Madagascar (TI-IM) mène des consultations en vue de proposer des améliorations aux textes régissant les élections, en particulier en ce qui concerne le financement des campagnes. L’association attire l’attention sur les conséquences de l’opacité du financement politique en général, évoquant notamment une « capture de l’Etat par des intérêts privés », définie comme une situation où les politiques sont influencées par ces intérêts privés. Dans son rapport traitant du sujet, TI-IM indique que dans un État captif, le degré d’influence est à la fois important et stable dans la mesure où le pouvoir passe littéralement des fonctionnaires de l’Etat aux intérêts d’entreprises non étatiques.
Plafonnement
Les élections sont désignées comme une porte ouverte à ce phénomène qui est courant dans les pays en développement. Il faut reconnaitre que les moyens déployés durant la période allouée aux campagnes électorales sont de plus en plus faramineux. Des moyens dont on ne connait pas les sources, déplore le rapport, la faute à une loi qui ne l’exige pas. « Qui finance ces budgets de campagne et quels sont les deals en coulisses ? », s'interroge d’ailleurs TI-IM qui craint que ces soutiens financiers n’engendrent une obligation tacite de réciprocité, tout cela bien entendu, à l’insu des électeurs.
Dans ce sens, le plafonnement du budget de campagne renforcé par un texte de loi est avancé entre autres par l’association où les sources des recettes de campagne seraient déclarées. Elle avance également l’harmonisation des lois qui régissent la vie politique en insistant sur les mécanismes de contraintes claires et de sanctions identifiées face aux manquements des partis à leur obligation de transparence. TI-IM insiste aussi sur l’amélioration de l’accès à l’information et dans la foulée, la protection des lanceurs d’alerte. Pour l’association, l’opacité financière, le clientélisme et la corruption politique qui caractérisent actuellement la politique malgache sont entretenus par la culture du silence, « une omerta qu’il faut absolument briser ».
Tolotra Andrianalizah