Depuis deux jours, les députés font face aux membres du gouvernement au Centre de conférence international d’Ivato. Au-delà des longues prises de parole, en quoi consiste ces face-à -face durant les sessions parlementaires ordinaires ?
« Le face-à -face n’est ni plus ni moins que la manifestation de la redevabilité, lance un membre du personnel de l’Assemblée nationale. C’est inscrit dans la Constitution. Le gouvernement est responsable devant l’Assemblée nationale ». D’après ses explications, c’est à ce moment que les ministres sont appelés à faire le compte-rendu de leur travail. « Les membres du gouvernement ne sont pas élus. Ils sont de ce fait redevables auprès des élus que sont les députés et les sénateurs », ajoute-t-il. Miadana Fabien Privat de l’ONG Tolotsoa parle de bilan. « Le face-à -face c’est le moment d’apprécier ce qui a été fait et ce qui n’a pas été fait suivant la loi de Finances », indique-t-il. Ce membre de la société civile précise que la loi de Finances constitue la balise des actions du gouvernement. « Les députés peuvent ainsi rappeler aux ministres concernés ce qui restent à faire », renchérit-il.
Parfois redoutés par les ministres, les face-à -face peuvent donner lieu à des échanges musclés surtout de la part des élus. « C’est l’occasion pour les députés d’interpeler un ou plusieurs ministres. Ils font aussi des remontées de doléances de leur circonscription respective », explique le responsable au sein de l’Assemblée nationale. Il n’est pas rare que la prise de parole d’un député se résume à une liste d’infrastructures à réaliser. « Normalement, les travaux à réaliser doivent être inscrits dans la loi de Finances », indique Miadana Fabien Privat, qui rappelle que ce sont les besoins de la population qui doivent être transposés dans ce texte.
Rapport parlementaire
Durant les face-à -face, chaque ministre est accompagné par son staff. Une ancienne membre de cabinet d’un ministère explique que le rôle de son équipe est de recueillir les questions, puis rédiger et consolider les réponses pour le ministre et le premier ministre. Les face-à -face peuvent durer plusieurs heures dans la mesure où tous les députés ont un droit de parole. « Ils ont droit à 5 minutes chacun. Pour cette session, nous avons divisé les élus en deux groupes », fait savoir notre interlocuteur auprès de l’Assemblée nationale. L’ancienne membre de cabinet raconte qu’une fois, ils étaient restés à Tsimbazaza jusqu’à 2h30 du matin.
Toujours dans l’optique de la redevabilité, les élus sont tenus de faire un compte rendu auprès de leur circonscription à la fin de chaque session. Cela peut prendre plusieurs formes comme un document écrit, une allocution lors d’un rassemblement ou une émission radio. « Le rapport parlementaire est une obligation mais beaucoup d’élus ne le font pas. J’en connais certains qui n’en ont jamais fait », regrette le membre du personnel de l’Assemblée nationale.
Tolotra Andrianalizah