Le cas des « petites mines » a été soulevé lors de l’évènement « le secteur extractif au service du développement durable » organisé par le Women in Mining and Resources Madagascar la semaine dernière.
Madagascar ou le paradoxe typiquement africain d’une population pauvre assise sur des richesses inestimables. Si les retombées de ces richesses se font attendre à l’échelle du pays, elles le sont également pour les petits exploitants qui risquent leur vie dans les mines de fortune un peu partout dans l’île. Exploités par les acheteurs trafiquants, mal protégés par la loi et à majorité informels, ces exploitants sont pourtant nombreux et l’enjeu est de taille selon le président du syndicat professionnel minier de Madagascar Richard Rabary Razafindrazaka. Ce dernier s’est toujours engagé pour faire avancer la cause de ce que l’on appelle « petites mines ».
Lors de son intervention à l’évènement du Women in Mining and Resources Madagascar, il a souligné que ce secteur est le second pourvoyeur d’emplois à Madagascar derrière l’agriculture mais largement devant le textile et le tourisme. Il déplore cependant l’absence d’une politique claire sur le sujet. « Les grands investissements ont leur loi spécifique. Mais ce n’est pas le cas des exploitations minières artisanales et à petite échelle (EMAP) », indique Richard Rabary Razafindrazaka. Il estime par ailleurs que ces travailleurs sont livrés à eux-mêmes, ne bénéficiant d’aucun appui. « Même pour l’accès au crédit. Si un exploitant découvre un filon, aucune banque ne les accorde un prêt et il ne faut pas compter sur les établissements de microcrédit pour prendre le relais », illustre-t-il. L’informalité qui caractérise le secteur n’arrange rien. Il fait savoir qu’un projet mis en œuvre par le comité national des mines et le ministère de tutelle baptisé « Lanja Miakatra » visait justement à formaliser les acteurs depuis les fokontany et les communes. « Entre 2016 et 2019, on avait réussi à formaliser 25 000 personnes répartis dans 236 groupements miniers mais le projet a été suspendu », indique-t-il.
Une vie meilleure
Toujours sur le front de la loi, il regrette que le code minier ne soit pas traduit en malgache pourtant, la plupart des petits exploitants sont des ruraux. Il déplore également que ces derniers ne soient pas consultés dans l’élaboration des textes. Résultat, nombreux ne connaissent même pas les règles qui régissent leur activité. A l’heure actuelle, avec la suspension de l’exportation des produits, Richard Rabary Razafindrazaka fait savoir que ces derniers sont à la solde des acheteurs-trafiquants qui imposent des prix très bas. Il indique toutefois que malgré tous ces problèmes, les personnes qui travaillent dans ce secteur n’entendent pas faire autre chose. « Chacun des exploitants s’accroche à l’espoir d’une vie meilleure du jour au lendemain », lance-t-il, une chance qui ne sourit pas à tout le monde toutefois. C’est d’ailleurs cela qui pousse les exploitants à braver les interdits en investissant les aires protégées comme ce qui s’est passé à Didy dans l’Alaotra Mangoro il y a quelques années. Pour Richard Rabary Razafindrazaka, la raison se trouve dans la pauvreté de la population et le manque d’opportunités qu’offre le pays. Il indique que Madagascar gagnerait beaucoup à structurer l'EMAP en soulignant que la Grande île est le premier producteur de pierre de couleur dans le monde avec 40 à 60% de la production selon les statistiques de Consoglobe Planetoscope.
Tolotra Andrianalizah