Deux ans que le Studio Sifaka souffle un vent de fraîcheur dans le paysage radiophonique malgache. La Fondation Hirondelle et le Peace Building Fund ont réussi le pari de monter une équipe pour proposer du contenu pour les jeunes et par des jeunes.
Ce ne devait être qu’un simple projet financé par le Peace Building Fund. Mais en deux ans d’existence, le Studio Sifaka a su trouver sa place dans le microcosme médiatique malgache en se positionnant sur un créneau peu exploré : les jeunes. Une mission d’évaluation menée par la Fondation Hirondelle en 2018 a justement dressé le topo du paysage médiatique du pays, marqué par une offre pléthorique, des lignes éditoriales très partisanes mais surtout peu d’espace pour les jeunes. Hasard du calendrier, le Peace Building Fund a lancé à ce moment un appel à projet allant dans le sens de la stratégie des Nations unies pour plus d’inclusion des femmes et des jeunes dans la consolidation de la paix. La Fondation Hirondelle a saisi l’occasion pour proposer une offre et c’est ainsi qu’est né d'abord le projet Radio Sifaka qui est devenu le projet Studio Sifaka en 2019. Â
Diversité
 « Le Studio Sifaka est le premier projet financé dans le cadre de cet appel à proposition à Madagascar », indique Brice Bussiere, coordonnateur du secrétariat technique du Peace Building Fund qui précise que le Studio Sifaka fait partie des 29 projets retenus parmi 205 notes conceptuelles réparties dans 22 pays. Il ajoute que l’objectif des Nations unies dans le cadre de sa résolution 2250 sur les jeunes, la paix et la sécurité est d’accroitre la représentativité des jeunes dans la prise de décision mais aussi de proposer des mécanismes de prévention des conflits en partenariat avec les jeunes. C’est là qu’intervient le projet Studio Sifaka mis en œuvre par la Fondation Hirondelle.
Pour la directrice générale de la fondation Caroline Vuillemin, l’expérience Studio Sifaka a été enrichissante pour son organisation. « La réalité à Madagascar, c’est que la majorité de la population est jeune. Mais ces jeunes ne sont pas en bloc. Il a fallu prendre en compte cette diversité », lance-t-elle en indiquant que des études ont été menées au préalable pour comprendre les attentes afin de proposer une diversité de formats, de contenus et d’informations. Caroline Vuillemin parle alors d’une véritable réalisation en ce qui concerne le Studio Sifaka car elle rappelle qu’il leur a fallu constituer une équipe à partir de zéro et de la rendre opérationnelle en peu de temps.
De projet à ONG
Le projet a pris fin en juin 2021 mais pas le Studio Sifaka. Fort de ce que Brice Bussiere qualifie de success story, le Studio Sifaka s’est mué en ONG à part entière en juin 2021 et a ouvert son financement à plusieurs partenaires. « Le Studio se dirige vers une durabilité soutenue », estime-t-il. Si le Studio Sifaka peut maintenant voler de ses propres ailes, il sera toujours lié avec la Fondation Hirondelle. La relation a toutefois évolué. Caroline Vuillemin évoque maintenant deux institutions légales qui collaborent d’égal à égal avec des valeurs à partager dont la plus importante est la qualité de l’information. Le Studio Sifaka bénéficie ainsi toujours de l’expertise de la Fondation Hirondelle.
Dans l’esprit « tracer la voie de la paix à travers la voix des jeunes », le Studio Sifaka contribue à prévenir les tensions et les conflits à Madagascar en impliquant les jeunes dans la consolidation de la paix. Cela passe par des jeunes biens informés et intéressés par la chose publique. L’ONG Studio Sifaka entend apporter sa pierre à l’édifice d’une jeunesse malgache engagée qui se prend en main à travers ses productions.
Tolotra Andrianalizah