Ils sont suivis par des milliers de personnes sur Facebook. Leurs vidéos génèrent beaucoup de vues et leur influence ne laisse pas insensible. À un peu moins de deux ans de la présidentielle, la question est de savoir si les influenceurs peuvent avoir une incidence sur le paysage politique.
Le décryptage de l’actualité n’est plus l’apanage des journalistes chroniqueurs. Les actualités du moment sont disséquées, analysées et partagées par tout le monde sur les réseaux sociaux. Certaines personnes ont même fait de ces décryptages leur marque de fabrique et diffusent leurs analyses à leur auditoire plus ou moins important. Les jeunes ne sont pas encore nombreux sur ce créneau même si certains influenceurs commencent à commenter les sujets brulants de l’actualité à leur sauce. Les jeunes influenceurs malgaches engagés sont plus dans les causes sociales comme les droits de l’Homme et l’environnement. Aucun ne se revendique pour le moment, influenceur politique comme ce qui se voit actuellement en France avec la présidentielle de 2022.
Pour le chroniqueur radio Hervé Rakotozanany, la tendance est en marche « qu’on le veuille ou non ». « C’est un phénomène nouveau qui est rendu possible par les NTIC. C’est aussi une manifestation de la liberté d’expression », lance-t-il. Il ne nie pas l’influence que peuvent avoir ces commentaires sur l’opinion bien qu’il se montre encore mesuré sur l’impact compte tenu de la faible pénétration des réseaux sociaux sur l’ensemble de la population. Quoi qu’il en soit, il estime que les gens qui s’informent sur les réseaux y vont déjà avec un certain parti pris. « Ils vont plus pour conforter leur position », résume-t-il.
Le rédacteur en chef du magazine Politikà Andriamanambe Raoto pense de son côté qu’il est difficile de quantifier l’influence qu’ont les réseaux sociaux sur le paysage politique dans le pays. D’après lui, le véritable enjeu pour la prochaine élection sera surtout la mobilisation des électeurs. « Là où j’aimerais que les influenceurs agissent dans un premier temps c’est cet aspect essentiel », indique-t-il. Il convient de rappeler que la participation aux élections s’est effritée au fil des années avec notamment un désintérêt flagrant des jeunes. Ce désintérêt concerne la chose publique en général.
Hervé Rakotozanany fait toutefois remarquer que grâce aux réseaux sociaux, les jeunes commencent à porter de l’intérêt aux actualités du moment et n’hésitent pas à réagir dans les commentaires. Il alerte cependant sur les velléités de manipuler. « Dans un pays en voie de développement, il est facile de manipuler l’opinion devant un manque criard de discernement de la part de la population. C’est là le problème. On devrait réfléchir sur les pistes pour que les réseaux sociaux contribuent à la construction de la citoyenneté », lance-t-il.
Quoi qu’il en soit, la bataille de la communication politique se fera une fois de plus sur les réseaux sociaux comme en 2018. Au-delà des comptes fake, la question est de savoir si les influenceurs entreront dans le « game » …
Tolotra Andrianalizah