Molière a fêté son 400e anniversaire le 15 janvier. De nos jours, il est l’un des auteurs de comédie française les plus célèbres. Son œuvre passe à travers le temps et les espaces, sous plusieurs formes à travers d’autres comédiens, d’autres pays.
Molière, l’auteur moqueur
« Une satire sociale par excellence », tels sont les termes employés par Gad Bensalem, un jeune comédien et auteur de théâtre, pour désigner les œuvres de Molière. Effectivement, ce grand auteur du classicisme français du 17e siècle a converti les vices de la société en une absurdité qui fait rire au lieu d’indigner.
« Les précieuses ridicules », illustre parfaitement cette idée : caricaturer les comportements trop exagérés des précieux, les hautains comme on dit. « Les vices sociaux sont intemporels, d’autres ne le sont pas », explique Gad. Certains existent encore de nos jours, certains ont disparu avec le temps. Parler de Molière va au-delà d’une banale pièce de théâtre, d’un simple divertissement.
Louis de Funès, l’acteur farceur
« L’avare », un chef d’œuvre de Molière adapté à l’écran par le réalisateur français Jean Girault avec Louis de Funès, dans les années 80. Qui d’autre que l’illustre comédien Louis de Funès pour incarner le vieux Harpagon, le personnage principal de la pièce, le plus avare des avares. Molière a donné un caractère odieux au vieil Harpagon. Il a tout pour susciter la répugnance : il est radin, il déteste ses propres enfants, il est égoïste.
Mais l’art de Molière a fait qu’il soit ridiculement attachant. Avec Louis de Funès et « le côté Vaudeville dans son jeu d’acteur, son humour qui met l’accent sur le mimique, le petit grincheux » selon les qualifications de Andry Patrick Rakotondrazaka, journaliste culturel, le protagoniste ressort avec ses plus beaux traits. Les deux, l’acteur et le personnage, se marient à la perfection.
Rajao, un malgache dans la place
Rajao, de son nom Tsarafara, le personnage qu’on ne saurait ignorer du film malgache « Malok’Ila », possède également ce type d’« humour » dans son jeu d’acteur. « Sa façon de prononcer ses lignes, ce jeu d’acteur qui fait rire à travers ses actions ou ses expressions faciales font l’identité du personnage de Rajao » explique Farash, une jeune slameuse. En effet, le personnage de Rajao possède l’art de feindre ses entourages, de faire semblant. Il est impulsif, il est vantard, élève souvent la voix, l’exagération dans les comportements : tous des caractéristiques des personnages de Molière. Mais également, un jeu d’acteur qui fait penser à Louis de Funès. Tous les trois miment et s’inspirent de la société.
« Même quand Tsarafara joue d’autres rôles, on retrouve encore un peu de ‘Rajao’ dans ces autres personnages », ajoute Farash. Avec ce personnage de Rajao, la comédie malgache, fait un clin d’œil inconscient à l’un des plus grands auteurs de comédie française. Rajao est même l’un des pionniers de la comédie au cinéma malgache, si d’autres avaient déjà fait des standups avant d’être acteurs de cinéma.
Aujourd’hui encore, les jeunes malgaches rient aux éclats devant ce personnage qui nous rappelle l’un des plus anciens et modèle dans l’art de faire rire à travers les imperfections de la société.
Andrea Razafi