Les élections sont toujours une affaire de gros sous. Qu’en est-il du financement des partis politiques à deux ans de l’échéance présidentielle ?
A un peu moins de deux ans de la Présidentielle de 2023, Madagascar entre dans une période délicate en matière de lutte contre la corruption selon la directrice exécutive de Transparency International-Initiative Madagascar, Ketakandriana Rafitoson. « La vigilance est plus de jamais de mise », indique-t-elle alors que l’association travaille justement sur les fonds de campagne. « Nous avons lancé une consultation en septembre auprès des partis politiques sur les mécanismes à mettre en place pour parvenir à la traçabilité et au plafonnement des fonds de campagne », indique Mialisoa Randriamampianina, responsable de projet intégrité politique de TI-IM. Cette dernière indique que des mécanismes spécifiques sont nécessaires car jusqu’ici on a toujours fait fi de la loi. En effet, les textes encadrent le financement des partis politiques et des campagnes mais ils n’ont eu que peu d’effet.
Egalité des chances
En 2018, TI-IM a déjà lancé un appel aux candidats à la Présidentielle sur l’origine des fonds lors de la campagne mais sur les 36 inscrits, seuls 6 ont répondu. « Sur le plan théorique, les partis sont ouverts à ce débat mais dans le fond, il y a une certaine réticence dans la mesure où un plafonnement limite la portée des campagnes », lance Mialisoa Randriamampianina qui réitère que les questions d’argent rendent les partis réticents. Consciente de la difficulté de la tâche, elle indique que c’est une étape importante à franchir dans ce combat. « Si jamais ce ne sera pas encore pour 2023, ce sera pour les élections à venir », indique-t-elle.
L’enjeu est de taille car il y a un risque de « capture de l’Etat par des intérêts privés » si l’on se réfère à un rapport publié par TI-IM il y a quelques mois. Au-delà de cela, il y a également le souci d’égalité des chances pour les partis politiques comme c’est inscrit dans l’article premier de la loi relative aux partis politiques. L’objectif étant de « renforcer la démocratie et l’alternance démocratique et promouvoir la participation permanente à la formation de la volonté politique du peuple ».
Tolotra Andrianalizah