Championne du monde de la participation citoyenne, la Suisse à travers son ambassade à Madagascar organise un salon sur la démocratie directe à l’Université catholique de Madagascar, une occasion de voir où en est Madagascar sur ce front.
« J’ai vécu en Suisse pendant deux ans. J’ai vu de mes yeux comment fonctionne la démocratie directe chez eux. Aucune décision dans les villages ne peut se prendre sans la concertation des habitants », lance le père recteur de l’Université catholique de Madagascar Marc Ravelonantoandro visiblement impressionné. D’après lui, si Madagascar veut parvenir à un même niveau de participation des citoyens, il lui faut suivre un long processus. « Les Malgaches n’ont pas le sens du bien commun. C’est très important dans cette approche », indique-t-il tout en soulignant la difficile mise en place d’une décentralisation effective dans le pays, autre atout majeur de la Confédération de Suisse.
Décret 2015-957
Au-delà des élections universelles directes, la législation malgache a mis en place un cadre de participation légale des citoyens au niveau local. Il s’agit des structures locales de concertations (SLC) auprès des communes, nées d’un décret qui date de 2015. La SLC est défini comme un espace de dialogue et de consultation permettant la participation inclusive de tous les acteurs de développement aussi bien publics que privés. « Le principe de fonctionnement de la Structure Locale de Concertation est de favoriser la liberté d’expression, la participation, l’engagement et la responsabilisation des citoyens », peut-on lire dans le décret 2015-957.
« Une SLC est constituée des représentants des groupements de personnes dans une commune allant des associations de femmes ou de jeunes aux acteurs du secteur privé. L’idée est vraiment de permettre la participation des habitants aux décisions en favorisant les débats et les concertations », explique Patrick Randriamisata responsable de l'analyse des données de l'ONG MSIS Tatao. Il indique que les avancées sur la transparence budgétaire sont palpables auprès des communes dont la SLC est opérationnelle. Dans ce registre, les communes de Fenoarivo Alakamisy ou encore de Sabotsy Namehana font figure de bons élèves. « La SLC est une force de proposition non négligeable pour les communes », conclut-il.
En 2021, sur les 1695 communes de l’île, seules 761 ont mis en place une SLC dont 284 sont opérationnelles (données de l’Observatoire de la décentralisation et du développement local). La Commune urbaine d’Antananarivo n’a pas encore sa SLC.
Tolotra Andrianalizah