Les pourcentages des femmes dans le gouvernement et dans le parlement en dit long sur le chemin qui reste encore à parcourir sur le front de la parité. Le ministère de la Population et de la promotion de la femme étudie actuellement un projet de loi sur l’égalité femme-homme. Le pays irait-il vers l’imposition de quotas ?
« Pour le moment, on ne peut encore se prononcer sur un quota ou non. Le ministère est en train de se pencher sur un projet de loi sur la parité de genre », lance une source auprès du ministère de la Population et de la promotion de la femme. Les femmes sont encore sous représentées dans les rouages des prises de décision dans le pays. 11 sur 32 au sein du gouvernement, un triste 24 sur 151 à l’Assemblée nationale. Mention spéciale tout de même à la Haute cour constitutionnelle avec un séduisant 5 sur 9. Notre interlocutrice au sein du ministère indique que la participation des femmes aux élections pose problème. « Les femmes sont moins intéressées par un mandat électif que les hommes d’après ce qu’on a pu voir. On constate également que les électeurs sont réticents à voter pour une femme. Par contre j’estime qu’on devrait favoriser les femmes pour les postes nommés », poursuit-elle.
Méritocratie
Le débat sur le quota s’impose. Il semble que tout le monde ne soit pas du même avis même au niveau des femmes. Le principal argument contre le quota est la méritocratie dans une logique de la bonne personne à la bonne place. Pour les partisans du quota, l’idée est d’inverser la vapeur dans un système historiquement discriminatif. « Le quota est un moyen de corriger le système. Nous avons fait de la discrimination parfois sans le savoir. Le quota permet d’atténuer les inégalités et de donner une voix aux intérêts des personnes marginalisées dont les femmes, lance le Dr Hanta Andrianasy, coordinatrice de projets au sein de la Fondation Friedrich Ebert. La bonne personne à la bonne place certes, mais on doit aussi aider la bonne personne à être à la bonne place. Le débat est idéologique ».
Ces dernières années, plusieurs pays se sont engagés sur la voix du quota notamment au niveau du Parlement. D’après l’IDEA (Institute for democracy and electoral assistance), la moitié des pays y a aujourd'hui recours. Dans ce sens, le Rwanda s’affiche comme un exemple avec un Parlement composé à majorité de femmes. Dr Hanta Andrianasy de préciser que dans certains pays la question ne se pose plus. « Quand on arrive à un niveau où noter pour une femme est naturel, le quota n’a plus raison d’être », précise-t-elle.
Secteur privé
Dans certains pays, la question du quota s’est étendue dans la sphère du secteur privé. La France a par exemple une loi qui vise à accélérer l’égalité économique et professionnelle. Le texte impose entre autres 30% de femme dans les instances dirigeantes des entreprises en 2027, 40% en 2030. Une disposition qui n’existe pas encore à Madagascar. Cela n’empêche pas des sociétés de prendre de l’avance à l’image d’Orange Madagascar. Bien que la filiale d’Orange soit de droit malgache, elle a une politique de parité bien en place. « Nous avons 4 femmes directrices contre 6 hommes actuellement », lance Renaud Raharijaona du département communication. L’entreprise favorise également le recrutement des femmes même dans les métiers dits techniques. « Pour cela, nous intervenons directement au niveau des écoles comme l’ENI. Il y a 5 ou 6 ans la direction technique ne comptait que 3% de femmes. Maintenant nous en sommes à 10%. Cela porte ses fruits. Actuellement, 46% de nos quelque 600 salariés sur le territoire sont des femmes. Nous visons la parité », ajoute-t-il.
Le projet de loi sur l’égalité femme-homme serait une grande première à Madagascar. Le texte entend institutionnaliser l’égalité femme-homme dans tous les secteurs. Reste à savoir s’il abordera la question du quota …
Tolotra Andrianalizah