Figés depuis juin 2019, les prix à la pompe ont résisté à la reprise de l’économie mondiale en 2021. Vont-ils faire de même avec les tensions actuelles qui se répercutent sur le cours international du brut ? Rien n’est moins sûr.
20 juin 2019, six mois après son ascension au pouvoir, l’administration Rajoelina a réussi à concrétiser une promesse de campagne de faire baisser les prix du carburant à la pompe alors que le régime précédent s’est engagé progressivement vers la vérité des prix. L’essence a ainsi connu une baisse de 100 ariary, 50 ariary pour le gasoil. Cette décision n’a pas été sans conséquence car elle a creusé la dette de l’Etat auprès des compagnies pétrolières. 2020, la contraction de l’économie mondiale a fait plonger le prix du brut jusqu’à moins de 20 dollars en mars. Le maintien des prix à la pompe a permis à l’Etat d’apurer les arriérés.
Arriérés
Seulement, l’économie mondiale a repris et avec elle la demande en énergie. Madagascar a choisi de garder les prix inchangés dans un contexte COVID-19 où plusieurs activités économiques ont été perturbées. La décision n’a cependant pas pu empêcher les prix des produits de premières nécessités d’augmenter en 2021, une année qui continue de laisser un arrière-gout amer aux ménages malgaches sur le front du pouvoir d’achat. Le pire est peut-être à venir. Avec les tensions diplomatiques autour du conflit armé en Ukraine, le cours du brut s’affole. Frôlant les 140 dollars, le prix du baril du Brent se rapproche du record absolu de 2008 à 147.5 dollars. Dans ces conditions, difficile pour les autorités de ne pas toucher aux prix à la pompe.
Au terme de la première revue de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit où Madagascar a bénéficié d’un décaissement de 67.5 millions de dollars, le Fonds monétaire international (FMI) a soulevé la nécessité de gérer activement les risques budgétaires. La subvention des prix à la pompe par des arriérés auprès des compagnies pétrolières figure parmi ces risques. Dans son communiqué du 7 mars, le FMI évoque la « préparation d'un calendrier de transition vers un mécanisme automatique de tarification des carburants ». Concrètement, cela revient à répercuter progressivement la hausse du cours mondial sur les prix à la pompe. Il est à noter que les autorités restent discrètes par rapport au montant actuel des arriérés qui s’élèvent à plusieurs milliards d’ariary.
Tolotra Andrianalizah