Lassé par les tâtonnements des autorités sur le front de la relance économique, une nouvelle fois matérialisés par les décisions controversées autour de l’ouverture des frontières, le secteur privé hausse le ton.Â
L’heure n’est plus aux lamentations. C’est avec des mots durs que le secteur privé dénonce les modalités dans lesquelles se déroule l’ouverture du ciel « supposée » depuis le 5 mars. « Ce n’est pas un jeu ! », lance d’emblée la présidente de la Confédération du tourisme de Madagascar (CTM) Aina Raveloson. Au-delà de l’épisode des « valises à roulettes », elle pointe du doigt une ouverture chimérique avec encore deux lignes aériennes effectives. Les atermoiements autour de l’ouverture du ciel ont déjà causé des vagues d’annulations selon le président du conseil d’administration de la Fédération des hôteliers et des restaurateurs de Madagascar (FHORM) Johann Pless.Â
Ouverture totale
Rappelant que le secteur du tourisme a été lourdement frappé par la COVID-19, Aina Raveloson dénonce une gestion à vue de la situation et ce depuis mars 2020. « Les opérateurs n’ont aucune visibilité », soutient-elle en faisant savoir que depuis l’ouverture partielle fin 2021, seuls 16 000 passagers sont venus à Madagascar.
Les autres groupements du secteur privé se sont joints aux opérateurs du tourisme. Pour la présidente du CTM, l’ouverture du ciel concerne le secteur privé en entier. Notant que les PME n’ont pas la résilience pour supporter une crise supplémentaire, le président du Groupement du patronat malagasy (FIVMPAMA) Rivo Rakotondrasanjy a brandi le spectre d’une crise sociale face aux emplois détruits depuis 2020. Pour sa part le président du Groupement des entreprises franches et partenaires (GEFP) Hery Lanto Rakotoarisoa attire l’attention sur les opportunités qui s’ouvrent à Madagascar actuellement, des opportunités qui risquent donc d’être annihilées par l’attitude adoptée par les autorités.
Relance économique
Le président du Groupement des entreprises de Madagascar (GEM) Thierry Rajaona regrette que les mesures annoncées ne soient pas appropriées à la pandémie mais va plus vers la lutte contre les trafics des ressources naturelles. Sur ce point, il a indiqué que le problème ne se situe pas au niveau des compagnies aériennes mais plus du côté malgache, soulignant une douane et une police aux frontières gangrénées par la corruption.
Concrètement, le secteur privé réclame un assouplissement drastique des mesures sanitaires avec un test PCR au départ uniquement et la suppression de la quarantaine. Il appelle également à « cesser immédiatement le chantage sur la reprise des autres lignes aériennes ». Le secteur privé exhorte le gouvernement à « autoriser tous leurs vols commerciaux sans conditions fantaisistes et inappropriées en réglant la lutte contre les trafics différemment », pour reprise le 28 mars 2022 qui coïncide avec le début de la saison IATA (Association du transport aérien international).
Plus généralement, devant les tâtonnements actuels des décideurs sur le front économique, le secteur privé souhaite que les affaires économiques stratégiques soient confiées à « des personnes compétentes qui maitrisent leur dossier ». Thierry Rajaona déplore que la relance économique soit la grande oubliée dans cette période post-crise.
Tolotra Andrianalizah