Le prix des journaux papier connaitra une hausse à partir du 02 avril, une occasion de s’intéresser au rapport des malgaches avec l’information.
« Pourquoi devraient-ils en acheter ? Ils ont déjà vu ces infos à la télé », lance une vendeuse de journal. Tous les matins, son échoppe improvisée sur le trottoir attire les passants qui s’arrêtent pour voir les Unes. « Rare sont ceux qui achètent parmi eux », poursuit-elle. La hausse des prix annoncée des titres de la presse écrite ne devrait donc pas les concerner à priori. Le Groupement des éditeurs de presse indépendants de Madagascar (GEPIM) a indiqué que le prix des journaux en papier connaîtra une hausse à partir du 2 avril 2022. Les principaux titres de la place s’achèteront désormais à 1000 ariary contre 600 ariary actuellement. Pour les titres en malgaches, ce sera 500 ariary contre 300 ariary auparavant.
La hausse du prix des consommables dans l’imprimerie, à commencer par le papier, aura raison du prix du journal. Les ventes ne constituent pas cependant la principale source d’argent d’un journal. « Avec le nombre de tirages qui se fait actuellement, ce sont les publicités qui maintiennent un journal en vie, lance le rédacteur en chef d’un des principaux journaux de l’île. 80% de notre chiffre d’affaire est à mettre sur le compte de la publicité ». En effet, les Malgaches ne privilégient pas la presse écrite comme source d’information. Une étude a indiqué que seule une infime partie de la population s’informe à partir des journaux. « Ceux qui achètent notre journal sont les cadres d’entreprises, les hauts fonctionnaires et les opérateurs. La déclinaison entièrement en malgache intéresse et se destine plus au reste de la population », souligne notre interlocuteur. S’il est d’avis que la hausse des prix aura un impact sur les ventes, il avance que cela pourrait être plus prononcé pour les journaux en malgache.
Information de qualité
La presse écrite et la presse traditionnelle en général font face depuis quelque temps à la concurrence de Facebook dont l’offre informationnelle tend à se professionnaliser avec l’apparition de boite de presse proprement dite. La rédactrice en chef d’une de ces entreprises indique toutefois que le public n’est pas le même, soulignant au passage la baisse progressive de l’audience de la presse écrite. Cet autre canal est pratiquement gratuit avec les offres de connexion Facebook relativement abordables. Notre interlocutrice précise toutefois que certaines personnes sont prêtes à payer pour une information de qualité. « Une petite somme certes mais certains sont vraiment prêts à payer », indique-t-elle. Elle attire cependant l’attention à la définition d’information de qualité pour les Malgaches. « Beaucoup de personnes ne jurent que par les infos sensationnelles. Nous pouvons donner des informations de qualité gratuitement mais beaucoup ne liront pas », déplore la journaliste qui était auparavant rédactrice en chef d’un journal en papier.Â
Tolotra Andrianalizah