Plusieurs familles malgaches ont encore dans un coin de leur maison des numéros des fameux comics malgaches. Dans ce rayon, nous avons des titres iconiques comme Benandro, Belamota ou encore Bobel. Grâce à la persévérance et la passion de certains dessinateurs, des numéros abordables ont revu le jour. D’autres vont venir assure Ramafa.
« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre ». Il y a eu un temps où l’univers malgache des comics était très fourni. Ramafa de son vrai nom Herizo Andrianasolo nous reçoit dans le desk d’un quotidien où il est caricaturiste pour nous plonger dans le monde merveilleux des iconiques BD malgaches. Ramafa travaillait dans les éditions Soimanga en 1996. A l’époque, il travaillait plus sur les commandes de la Librairie Saint Paul pour les BD Jacques Berthieu et Victoire Rasoamanarivo entre autres. Cela ne l’a pas empêché de côtoyer les « zoky » (grands frères) bédéistes comme Richard Rabesandratana, le créateur de Benandro, Jocelyn Rajaomahefarison, celui qui a fait Koditra, Arthur Hantanirina, le père de Danz et de Belamota, Alain Bruno, Bobel ou encore de Coji qui a créé l’Inspecteur Toky. Il a d’ailleurs repris Benandro après que son créateur lui ait vendu les droits d’exploitation avant sa mort. Cela lui a permis de terminé l’histoire dans le journal Bôjy.
Etude de marché
C’est avec entrain que Ramafa retrace l’épopée de la BD à Madagascar. Il fait savoir que la première BD malgache est sortie dans les années 60 avec Ombalahibemaso de Jean Ramamonjisoa qui relate l’histoire du roi Andrianampionimerina. Il indique qu’il a fallu attendre les années 80 pour que le neuvième art prenne son envol à Madagascar. Ramafa parle d’ailleurs d’un âge d’or qui durera jusqu’en 1992. C’est durant cette époque que sont sortis les titres les plus iconiques dont le premier Benandro en français. D’après lui, c’est d’ailleurs le seul numéro où ce sera en français car le reste était en malgache. « Les BD étaient au format comics c’est-à -dire A5 avec du papier plus épais comme les journaux à l’époque d’ailleurs », souligne-t-il. Il indique qu’une crise du papier et l’apparition des « salles de vidéo » ont contribué au déclin de ce secteur qui avait pourtant son public. « Avec les vidéos, les malgaches ont changé progressivement de hobbies. Il y a eu aussi la location de livre. Cela a fait diminuer les ventes », raconte-t-il.
Cette forme populaire du neuvième art n’était pas morte pour autant. Des initiatives ont permis d’entretenir la flamme. C’est dans ce sens que Lolovokatr’Ambatokiky a fait son apparition dans les kiosques en décembre pour la modique somme de 2000 ariary. Selon Ramafa, le numéro était prêt depuis 2017 mais ils ont pris le temps pour le sortir afin de déterminer entre autres le prix idéal. « On a étudié le marché. On s’est intéressé à l’argent de poche des jeunes, la monnaie rendue après un restaurant, … c’est à partir de cela qu’on a fixé le prix à 2 000 ariary. Certaines personnes nous ont conseillé de le proposer à 5 000 ariary voire 10 000 ariary avec un format en couleur. Pour le retour, on pense que ce prix devrait permettre aux gens de s’intéresser à nouveau au neuvième », explique-t-il en indiquant que l’accueil du public pour le numéro un de Lolovokatr’Ambatokiky était encourageant. Un vendeur de livre à Ambohijatovo, parle justement du retour des comics malgaches. « Il y a un kiosque qui en vend de l’autre côté. Des gens de tous âges viennent chez moi pour en demander. Il y a de nouvelles histoires qui sont sorties », indique-t-il. Les comics malgaches sont-ils définitivement de retour ? L’avenir nous le dira.
Tolotra Andrianalizah