Associer les évènements de mars 1947 au Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM) est une affabulation affirme l’historien Jeannot Rasoloarison.
Le professeur Jeannot Rasoloarison était intervenu au Café-histoire du Musée de la photo samedi sur le thème « Insurrection du 29 mars 1947, entre mythe et réalité ». Comme le thème l’indique, l’intervention de l’historien a été marquée par la déconstruction du mythe selon lequel le parti politique Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM) serait derrière les évènements de mars 1947. Il indique que le nom du MDRM a été instrumentalisé aussi bien par les instigateurs des attaques que par l’administration coloniale. Les instigateurs ont été des membres de sociétés secrètes avec le concours de tirailleurs malgaches qui ont encadré les paysans. D’après Jeannot Rasoloarison, ils ont utilisé le MDRM pour avoir facilement l’adhésion des gens.
Par ailleurs, l’administration coloniale a vu en ce soulèvement une occasion de couper l’herbe sous les pieds du MDRM avec la répression qui s’en est suivie et qui visait essentiellement le parti. « Les membres du MDRM qui ont été fusillés à Moramanga entre autres n’avaient rien à voir avec les évènements. Il est inconcevable que l’administration coloniale ne puisse pas connaitre les réels fomenteurs des troubles. Les archives montrent que les têtes pensantes des sociétés secrètes malgaches étaient sous surveillance. Les renseignements français étaient au courant des faits et gestes de ces personnes », déclare le professeur. Le coup porté au MDRM a été cristallisé par le procès de juillet 1948 qui a notamment abouti à la condamnation à mort des députés Joseph Ravoahangy-Andrianavalona et Joseph Raseta et d’autres leaders du parti.
Les cours d’histoire à ajuster
Le professeur Jeannot Rasoloarison attire l’attention sur les raccourcis autour de ces évènements qui ont continué à être racontés jusqu’à maintenant surtout dans l’enseignement. Il confie à la fin de son intervention que des discussions ont déjà eu lieu entre les historiens et le ministère de l’Education pour corriger cela. Si auparavant les élèves malgaches n’apprenaient les évènements de 1947 qu’en primaire, cela a changé depuis l’année dernière. « Les élèves de terminale L étudient plus en profondeur l’histoire de Madagascar depuis l’année dernière dont une partie est consacré aux évènements de 1947 », indique un professeur d’histoire et de géographie. Ce dernier confirme que des ajustements sont prévus dans le cours sur 1947 mais que cela n’a pas encore abouti.
Tolotra Andrianalizah