A l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse, la ministre Lalatiana Rakotondrazafy Andriantogarivo s’est félicitée des avancées sur le front de la loi pour garantir cette liberté à Madagascar. Un satisfecit qui contraste avec le dernier classement de Reporters sans frontière.
« Aucun journaliste n’a été incarcéré pour délit de presse durant le régime actuel », lance la ministre de la Communication et de la culture Lalatiana Rakotondrazafy Andriantogarivo dans son discours aux Media Awards. Sur sa lancée, elle indique qu’aucun organe de presse n’a été fermé. Pour Lalatiana Rakotondrazafy Andriantogarivo qui parle d’avancées notables sur ce front, cela a été rendu possible grâce à l’adoption de la loi sur la communication médiatisée qui garantit, selon elle, la liberté de la presse dans le pays. Elle a toutefois insisté sur la nécessité de respecter cette loi au niveau des journalistes arguant qu’une liberté ne peut être qu’assortie à des règles.
La Journée mondiale de la liberté de la presse est une occasion de se pencher sur l’univers du journalisme à Madagascar. Le son de cloche est tout autre du côté de Reporters sans frontière et son classement mondial de la liberté de la presse. En effet, en un an Madagascar a perdu 41 places, passant de la 57ème à la 98ème position sur 180 pays. Le score de la Grande île est aussi passé de 71.76 à 58.02. Le classement de Reporters sans frontière pour cette année a pris en compte de nouveaux indicateurs pour montrer toute la complexité de l’analyse de la liberté de la presse définie comme « la possibilité effective pour les journalistes, en tant qu’individus et en tant que collectifs, de sélectionner, produire et diffuser des informations dans l’intérêt général, indépendamment des interférences politiques, économiques, légales et sociales, et sans menaces pour leur sécurité physique et mentale ».
Au-delà du cadre légal
Là où le bât blesse pour Madagascar c’est au niveau de l’indicateur économique où le pays n’est crédité que d’un score 35.08 pour se situer à la 126ème position. En effet, Reporters sans frontières souligne que la précarité de la presse malgache a des conséquences désastreuses sur la qualité de l’information et l’indépendance des médias. Le rapport évoque notamment la pratique des enveloppes, appelées dans le métier « felaka », et de la nécessité pour certains journalistes de cumuler plusieurs emplois pour subvenir à leur besoin. D’après Reporters sans frontières, cela peut entrainer des conflits d’intérêts dans le traitement des informations. Le rapport également de rappeler une réalité du paysage médiatique malgache marquée par « une radiotélévision publique dominée par les directives de la communication gouvernementale » et des médias privés « extrêmement politisés » limitant l’accès à une information neutre et indépendante. La grande pluralité des organes de presse ne se reflète pas ainsi en une pluralité des idées mais plus à une polarisation entre ceux qui défendent le pouvoir et ceux qui sont proches de l’opposition. Le fait que les médias appartiennent à des politiciens ou à des aspirants politiciens est aussi souvent soulevé où les journalistes sont finalement réduits à être les voix de leur patron.
Tolotra Andrianalizah