« Le secteur de la vanille est malade ». Tel est le titre de la lettre ouverte que les producteurs de vanille ont adressée à l’exécutif et dont le contenu a été présenté à la presse ce jour.
Les producteurs se plaignent de ne pas jouir pleinement du succès de la vanille malgache et ce, malgré le fait que le secteur soit un grand pourvoyeur de devises dans le pays. Ils ont notamment soulevé la non-effectivité des prix minimum sur le terrain à cause selon eux de l’absence d’un décret d’application et d’un manque de suivi. Interrogée sur la situation, la directrice du commerce extérieur Sadiah Razafimandimby explique que la raison pour laquelle les prix ne sont pas respectés c’est parce que les producteurs ne vendent pas leur vanille systématiquement auprès des marchés contrôlés de vanille. « Normalement, le commerce de la vanille ne peut pas se faire n’importe où. Le problème c’est que les acheteurs et les collecteurs ne respectent pas cela. En tout cas je peux assurer que les prix minima sont appliqués dans les marchés contrôlés », souligne notre interlocutrice. Elle ajoute que certains acheteurs profitent de l’incrédulité des producteurs pour se procurer de la vanille en dehors de ces marchés. « C’est en dehors de ces marchés que s’achètent aussi la vanille volée », poursuit-elle. Il est à noter que le kilo de la vanille verte a été fixé à 75 000 ariary, 350 000 ariary la vanille préparée.
Dialogue
Les producteurs veulent par ailleurs être pris en compte dans la fixation des échéances des campagnes. Ils estiment que les dates des campagnes fixées par région ne reflètent pas la réalité sur le terrain. Ils demandent ainsi à ce que les échéances soient définies au niveau communal. A l’heure actuelle, ce sont les comités régionaux d’observation de floraison au sein des directions régionales du ministère de l’agriculture qui définissent ces échéances. Quoi qu’il en soit, Sadiah Razafimandimby fait savoir que ces comités proposent les dates qui sont discutées au niveau des conseils régionaux de la vanille (CRV), structures au sein desquels les producteurs estiment être sous représentés en opposition aux collecteurs et aux exportateurs. Il faut savoir que le consensus est souvent difficile entre les acteurs de la filière. C’est justement pour servir entre autres de cadre de négociations entre les différents acteurs de la filière que le conseil national de la vanille (CNV) qui se démembre en CRV, a été créé. Un an après sa mise en place, le CNV est en phase d’opérationnalisation d’après Sadiah Razafimandimby. Il est à noter que le CNV comprend 25 membres dont 12 sont issus du secteur public, 12 du secteur privé et un de la Banque centrale. Parmi les membres issus du secteur privés, 4 représentent les exportateurs, 4 les collecteurs et 4 les producteurs. Ces derniers s’estiment ainsi lésés par rapport aux collecteurs et aux exportateurs.
Les producteurs qui ont tenu la conférence ce jour sont membres de coopératives et d’associations des régions Sava et Analanjirofo. Ils ont déjà rencontré le ministre de tutelle la semaine dernière. Les deux parties se disent ouvertes au dialogue pour améliorer la filière.Â
Tolotra Andrianalizah