Les revendications des mouvements des étudiants au cours de ces dernières années se résument au paiement de bourse et aux conditions d’hébergement dans les campus. On est loin de la ferveur idéologique des années 1970 où les revendications sont allées au-delà de la sphère estudiantine.
Le milieu universitaire a été parmi les principaux animateurs des évènements de mai 1972 qui se sont soldés par la fin de la première République. Depuis, les mouvements des étudiants sont surveillés de près par les politiques quitte à être une source d’angoisse pour les dirigeants. Mais est-ce toujours le cas ? Il ne se passe pas une année sans qu’on ait entendu une manifestation dans une université de Madagascar au cours des dernières années. Pour Ankatso par exemple, on revoit pratiquement les mêmes scènes avec les manifestants qui essaient de bloquer la rue au niveau du terminus du 119 et les forces de l’ordre qui les refoulent à l’intérieur du campus sous les jets de pierres. C’est presque devenu un rendez-vous saisonnier au moment du paiement des bourses d’études, aux abonnés en retard. 50 ans après les évènements de 1972, les mouvements estudiantins se résument-ils à cela ?
« Notre objectif était clair en 1972. C’était pour que le bonheur de la population malgache, lance Pr Monique Rakotoarinosy qui faisait partie des militants à cette époque. Nous avions lutté contre un système discriminatoire dont nous étions des privilégiés mais nous avons eu du discernement. Nos actions n’étaient pas intéressées. Nous ne cherchions pas la gloire. C’était pour protéger notre pays ». Pr Monique Rakotoarinosy s’exprime en marge d’un évènement organisé par le Centre de recherche en communication et l’observatoire des médias Ilontsera. Elle déplore que tout soit question d’argent de nos jours. En effet, il n’est pas rare que les manifestations en milieu universitaire soient suspectées d’être à connotations politiciennes voire purement intéressées. Les dirigeants ont d’ailleurs l’habitude de sous-entendre souvent que l’opposition est derrière les revendications, une manière de décrédibiliser les mouvements.
Connotations politiciennes
Pr Monique Rakotoarinosy indique qu’elle poursuit la lutte en transmettant la flamme à ses étudiants. Si elle indique que la flamme est toujours là quelque part, elle déplore que celle-ci ne soit pas en tout le monde. « Il y a des associations qui continuent la lutte, comme Transparency International, Wake Up où il y a des jeunes mais ils ne sont pas nombreux. Il y a par exemple la proposition de loi pour la protection des protecteurs des droits de l’homme et des lanceurs d’alerte. C’est un combat. Nous sommes derrière ces combats. Ils nous prennent comme modèle. C’est une source d’espoir, que la lutte pour le bonheur de la population se poursuit », ajoute-t-elle.
Tsiory Raelison, étudiante en 4ème année communication à Ankatso, a son avis sur les grèves à l’université. « Si je menais une manifestation à l’université ce serait pour une meilleure insertion professionnelle des diplômés. Les jeunes devraient réclamer une politique qui va dans ce sens dans la mesure où il y a beaucoup de diplômés mais au chômage ou en sous-emploi », indique la jeune femme de 22 ans, membre du CERCOM. « Les jeunes trouvent que c’est un problème mais ils ne sentent pas qu’ils en ont besoin. S’ils n’en ressentent pas le besoin, ils ne vont pas le revendiquer. C’est le besoin d’argent qui prime d’où les revendications autour du paiement des bourses. C’est la théorie de la motivation », analyse-t-elle.
Tolotra Andrianalizah