Les discussions autour de l’approvisionnement de la Jirama en huile lourde de Tsimiroro prennent du temps.
Depuis les essais concluants de l’utilisation de l’huile lourde de Tsimiroro dans les centrales thermiques de la Jirama, l’opinion attend la concrétisation d’un éventuel contrat entre la compagnie nationale et Madagascar Oil. L’un des principaux points d’achoppement dans les discussions réside dans les garanties de paiement de la Jirama selon le CEO de Madagascar Oil Scott Reid. « Dans le contexte actuel, notre compagnie ne peut se permettre des risques de retard voire de non-paiement. Madagascar Oil n’a pas la solidité financière des fournisseurs actuels de la Jirama pour faire face à ces risques », lance-t-il en précisant au passage que l’huile lourde doit être diluée avec du gasoil pour avoir le HFO, le carburant utilisé par dans les centrales thermiques. Il déplore également que la Jirama propose les mêmes termes qui la lient à ces fournisseurs. En effet, la capacité de production actuelle de Madagascar Oil ne lui permet pas entre autres de se positionner sur les appels d’offre par lot de la Jirama. « Notre capacité de production actuelle n’est pour le moment que de 400 barils par jour », précise Scott Reid qui indique toutefois qu’une fois la capacité de croisière de 3 000 barils atteinte, Madagascar Oil aura de quoi satisfaire les besoins du pays. Cela se fera par l’activation de nouveaux puits mais la compagnie devra tout d’abord réaliser des ventes.
Tsimiroro enclavé
En effet, il est important de souligner que depuis l’exploitation de l’huile lourde en 2015, Madagascar Oil n’a pas encore vendu un baril. Les activités d’extraction sont d’ailleurs suspendues depuis l’atteinte de la capacité de stockage sur le site en 2016. Cause avancée de ce retard, le mauvais état de la RN1 bis reliant Tsiroanomandidy et Maintirano. D’après son CEO, la compagnie travaille actuellement pour pouvoir sortir son huile lourde de Tsimiroro. Plusieurs options sont à l’étude dont la mise en place d’une station de transfert à Tsiroanomandidy pour permettre de dispatcher à court terme l’huile lourde vers Antananarivo, Antsirabe, Toamasina et Mahajanga dans des camions citernes conventionnels, le trajet depuis Tsimiroro devant être réalisé dans des camions offroad. L’autre option avancée toujours à court terme est l’aménagement du port de Maintirano pour ouvrir des voies de livraison aussi bien internationales que nationales. Scott Reid d’assurer qu’il ne devrait pas être difficile pour Madagascar Oil de vendre son huile étant donné sa faible teneur en soufre mais aussi dans le contexte actuel de tension sur les commodités due à la guerre en Ukraine. Ces mêmes arguments sont d’ailleurs avancés par la compagnie qui doit multiplier ses investisseurs afin de l’accompagner dans ses ambitions d’expansion.
Quoi qu’il en soit, Scott Reid affirme être enclin à vendre sur le marché local avec notamment la Jirama. Il avance que les négociations devraient aller dans une logique plus partenariale que commerciale. Les discussions devraient donc se poursuivre entre les deux parties d’autant plus que sur son profil Facebook, le PCA de la compagnie nationale Solo Andriamanampisoa a évoqué cette idée il y a quelques jours en publiant des photos de camions citernes de Madagascar Oil. « Cela ne devrait plus prendre que quelques mois pour que la Jirama utilise l’huile lourde de Tsimiroro », publiait-il en précisant toutefois que cela ne devrait concerner qu’une petite partie des besoins de la compagnie. « L’important est de commencer », concluait-il.Â
Tolotra Andrianalizah