Le test grandeur nature du nouveau plan de circulation se poursuit non sans mal. Une occasion de voir ce que représentent les embouteillages pour les personnes qui vivent et qui travaillent à Antananarivo.
« Je quitte ma maison à 6 h moins quart tous les jours pour espérer arriver à mon travail à 8 h », lance une habitante d’Itaosy qui travaille à Analakely. « Le chemin du retour c’est aussi à peu près la même durée plus le temps passé à attendre le bus ». En faisant un calcul tout simple, cette tananarivienne passe en moyenne 20 heures par semaine dans les transports, soit 1 040 heures par an. Ce qui fait un peu plus de 43 jours par an. Les embouteillages font partie intégrante de la vie des habitants de la capitale surtout pour ceux qui vivent loin de leur lieu de travail ou de leur école.
Beaucoup adaptent leurs horaires journaliers au rythme des bouchons. Une habitante d’Ambohimanarina indique préférer faire une partie de son trajet à pied pour éviter d’être en retard. « C’est complètement bloqué au niveau d’Ankazomanga vers 7 h. Je descends à Andraharo et je fais le reste du trajet à pied vers Isoraka. Idem lorsque je rentre car en fin d’après-midi, c’est au niveau de Behoririka que ça coince », déclare-t-elle. Pour se rendre au travail et retourner chez elle, cette mère de famille fait donc 7 km de marche par jour, soit 35 km par semaine, soit 1 820 km par. C’est deux allers-retours et demi entre Antananarivo et Toamasina.
Nouveau plan, nouveaux embouteillages
Argument de campagne de Naina Andriantsitohaina, les embouteillages sont au cœur des discussions cette semaine avec le test grandeur nature du nouveau plan de circulation à Andohananalakely. Après avoir observé le goulot d’étranglement sur la montée vers le tunnel d’Ambohidahy, l’équipe de la mairie d’Antananarivo a essayé de nouvelles solutions en ouvrant d’autres voies pour mener à Analakely depuis Anosy. Visiblement, les résultats ne sont pas encore au rendez-vous car les nouveaux trajets mis en place sont tout aussi congestionnés. C’est le cas notamment de la rue qui borde le collège Saint-Michel. Les usagers se plaignent de la situation. Le maire affirme continuer de chercher la solution.
En tout cas, les embouteillages ont un cout économique important. 10 millions de dollars selon le JICA en 2015 soit 0.1% du PIB. Une étude plus récente, celle du Cercle de réflexion des économistes de Madagascar en 2018 estime à la perte de temps moyenne journalière par personnes dans les embouteillages à 2h pour une perte monétaire annuelle de 840 000 ariary. La population d’Antananarivo attend de voir le lancement du train urbain appelé à desservir la partie sud de la ville mais également des lignes de téléphériques promises par le président de la République.
Tolotra Andrianalizah