Surmonter la tempête. Tel est le titre des dernières « Perspectives économiques de Madagascar » de la Banque mondiale. Mais par quel moyen ? Les réformes, soulignent les économistes de l’institution. Des réformes maintes et maintes fois recommandées d’ailleurs. Entretemps, la pauvreté a explosé …
« La pauvreté a progressé à vue d’œil », déplore un jeune malgache de passage au pays. Parti pour l’Europe, il y a 5 ans, il est resté sans voix devant le nombre croissant des mendiants dans les rues d’Antananarivo. La crise 2020-2022 y a beaucoup contribué dira-t-on. Mais pas que. Comme tous les pays dans le monde, Madagascar a subi de plein fouet les crises qui se sont succédé entre la COVID-19 et la guerre en Ukraine. Seulement, les impacts pour la Grande île ont été plus importants, la faute à une croissance insuffisante au cours de la période qui a précédé la crise. La Banque mondiale, dans ses dernières « Perspectives économiques de Madagascar », indique que les 3.9% de croissance moyenne de 2013 à 2019 n’ont pas permis au pays d’être résilient face aux chocs. Conséquence, 1.8 million de personnes supplémentaires sont passées sous le seuil de pauvreté, portant le taux de pauvreté à un niveau historique de 80.7%.
Réformes d’envergure
Ces chiffres de la Banque mondiale confirment la situation. Pire, la configuration actuelle du pays oblige l’institution à revoir à la baisse les perspectives de reprise avec une croissance finalement tablée à 2.6% en 2022 contre une prévision de 5.4%. « Le niveau de vie moyen ne progressera pas », lance l’économiste en chef de la Banque à Madagascar, Marc Stocker, qui souligne qu’à ce rythme il faudrait au pays 10 ans pour effacer les effets de la crise et 73 ans pour atteindre le niveau du Rwanda de 2019. Pour surmonter ce qu’elle qualifie de tempête, la Banque mondiale invite le pays à procéder à des réformes. « Cela ne sera possible que si le gouvernement lance des réformes d’envergure en faveur de l’investissement privé et de la création d’emplois, d’un meilleur accès aux services de base et aux infrastructures, et d’une plus grande résilience aux chocs », peut-on lire dans le rapport.
La directrice des opérations de la Banque, Idah Z. Pswarayi-Riddihough, insiste sur le caractère urgent de ces réformes. Concédant que certaines sont parfois douloureuses, elle invite le pays à se fixer des priorités. « Il est possible d’entamer une ou deux réformes mais l’essentiel c’est de les mener à leur terme », souligne-t-elle.
Tolotra Andrianlizah