Jour J pour la conférence nationale sur le foncier annoncée en conseil des ministres le 25 mai par le président de la République himself.
Personne n’est à l’abri d’un problème foncier à Madagascar déclare le président de la République à l’ouverture de la conférence nationale sur le foncier, la faute à un des secteurs les plus corrompus du pays. Si les personnes vivant en milieu rural sont particulièrement vulnérables à cause de la méconnaissance des méandres de l’administration, aucun malgache n’est finalement épargné.
C’est le cas d’un cadre au sein du ministère des Finances qui a acheté un terrain du côté d’Ambohijanaka en 2014 et qui s’est vu tout bêtement volé son argent. Montant du préjudice : plus de 20 millions d’ariary. « Nous avons pourtant pris nos précautions. Je suis d’ordinaire méfiant mais nous n’y avons vu que du feu. Tout semblait en règle, la situation juridique et tout, mais dès que nous avions payé, plus rien », raconte le père de famille encore visiblement marqué par les évènements qui avaient eu lieu 8 ans plus tôt. Il venait de se marier à l’époque et l’acquisition d’un terrain était un projet de vie pour le jeune couple qui n’avait pas hésité à contracter un emprunt à la banque. Il n’était pas la seule victime dans l’histoire. Avec lui, trois autres personnes ont été arnaquées. Malgré cela, il a pris la décision de ne pas porter l’affaire en justice. « A quoi bon ! Le gars dégageait un tel sentiment de puissance. On sentait qu’il avait le bras long. Très long. Nous sommes sûrs qu’il y a eu complicité au Domaine. Qui nous disait que ce ne serait pas le cas une fois au tribunal ? Je n’avais plus envie de perdre de l’argent pour rien », poursuit-il.
Coup de pied dans la fourmilière
S’adressant au parterre de responsables des ministères de la Justice et de l’Aménagement du territoire et des services fonciers mais aussi d’élus et de responsables locaux pour la conférence, Andry Rajoelina a évoqué l’existence de réseaux de corruption bien huilés dans le secteur foncier impliquant ces départements mais également les collectivités. « Il y a des réseaux derrière tout cela où on trouve des élus, des responsables ministériels, des opérateurs économiques, des magistrats. Notre devoir est de démanteler ce réseau. Je m’adresse à vous messieurs les ministres. Démantelez ces réseaux », lance le président. Il a également lancé un appel au Bianco pour se pencher sur ces personnalités qui ont acquis beaucoup de terrain de manière illégale. « J’appelle les députés à dénoncer ces gens. Comment se fait-il qu’une seule personne puisse avoir jusqu’à 900 hectares ? Ce sont des réalités », poursuit le président qui compte porter les informations issues de la conférence auprès du Conseil supérieur de la magistrature pour que des mesures soient prises.
Au final, le président de la République a dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas … de peur de s’attirer des ennuis. Osera-t-on enfin donner un coup de pied franc dans cette fourmilière ? Réponse dans les prochaines semaines. En tout cas Andry Rajoelina a affiché sa détermination à mettre fin à ces pratiques. « Il n’y a pas d’amis ou de membres de la famille dans la lutte contre la corruption », a-t-il tonné dans les travées du Centre de conférence internationale.
Tolotra Andrianalizah