La Brigade anti-piratage fête ses dix ans cette année. Une occasion de se pencher sur cette pratique trop ancrée dans le mode de consommation des produits artistiques à Madagascar. Le boss de Scoop Digital indique qu’une organisation bien huilée qui s’étend sur tout le territoire se cache derrière le phénomène. Â
Enième appel au secours. Auteurs-compositeurs, producteurs, écrivains, maisons d’édition … ils étaient plusieurs à se déplacer ce jour au stade Barea pour les dix ans de la Brigade anti-piratage ou BAP. Tous se sont plaints du vol dont ils sont victimes à cause du piratage. « Vol », c’est le mot employé par le directeur général de Scoop Digital Mamitiana Razafimandimby pour définir le piratage à Madagascar. Cette figure du film malgache dénonce un piratage professionnel bien organisé orchestré par des personnes puissantes au « bras longs ». « C’est tout un réseau qui s’étend dans tous les districts. Il ne leur pas beaucoup de temps pour vendre plus de 500 000 copies d’un film », lance-t-il. Il indique que cela nuit grandement aux revenus des créateurs. « C’est une honte d’être artiste de nos jours car nous n’avons pas les moyens de vivre pleinement de notre activité », se plaint-il.
L’auteur-compositeur Jerry Marcoss évoque de son côté une injustice. « Il y a des gens qui se font de l’argent sur nos œuvres. Pour ces gens, le bénéfice, c’est pratiquement du 100% car ils n’ont pratiquement rien investi », poursuit-il en appelant l’Etat à renforcer la BAP. Mamitiana Razafimandimby de rappeler que la BAP a vu le jour après un appel au secours lancé par un collectif d’artistes auprès d’Andry Rajoelina alors président de la Haute autorité de transition. C’est ainsi que la brigade a vu le jour en 2012 rappelle la ministre de la Communication et de la culture Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo. Elle n’a pas manqué d’évoquer les réalisations de la BAP après l’adoption d’une nouvelle stratégie il y a deux ans. 87 personnes arrêtées, 131 243 CD et 274 copies de livres saisis. Pour renforcer les actions de la BAP, la ministre annonce la mise en place d’antennes régionales.
Couronne
La cérémonie a été marquée par la signature d’une convention entre la BAP et Interpol. La partie malgache peut désormais accéder au système d’information d’Interpol dans le but de faciliter l’identification des biens culturels volés et qui circulent dans le monde. Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo indique que la couronne de la reine Ranavalona I volée au Palais d’Andafiavaratra en décembre 2011 va être inscrite dans le système d’information. Les documents ont été signés par le coordonnateur de la BAP, le commissaire Eddy Rarivomanantsoa et le représentant de l’Interpol à Madagascar, Jean Rostand Rabialahy.
Tolotra Andrianalizah