Deux files sont visibles actuellement à Mahamasina. La première pour les supporters des Ankoay qui jouent ce soir et la deuxième pour les bénéficiaires du Vatsy Tsinjo.
9h30. La colonne de supporters venus acheter un ticket pour voir la demi-finale des Ankoay garçons dépasse largement l’entrée du Palais des Sports du côté de Gerb’Or. « La file était déjà à notre niveau quand j’ai pris mon poste ce matin », indique un agent de sécurité. Au premier rang de cette file, on a un père de famille qui affirme être arrivé sur place à 4h du matin. « Je suis ici depuis 4h du matin pour être sûr de pouvoir entrer. Vous pouvez voir derrière moi notre petit groupe », lance-t-il. En famille, entre amis, les supporters des Ankoay seront au rendez-vous ce soir. Ni la grisaille, ni l’ouverture de la vente à 11h ne semble entamer leur enthousiasme. Les discussions tournent évidemment autour de la performance des deux équipes nationales en lice. Tous sont conscients du défi qui attend les garçons face aux champions en titre, les Maliens. Tous espèrent pourtant voir les Ankoay l’emporter ce soir. Â
Dure réalité
Quelques mètres à côté de l’entrée principale du Palais des Sports, le bout d’une nouvelle file est visible. C’est celle des gens qui font la queue pour le Vatsy Tsinjo. L’ambiance est moins à la fête. L’air est grave. Le regard parfois hagard. Bonnet sur la tête, livret de fokontany dans une main et un panier dans l’autre. Ce sont surtout des mères de famille de tout âge. La remise de l’aide fournie par l’état se déroule au Gymnase. A la différence de l’autre file, celle-ci avance car la distribution a déjà commencé. Les bénéficiaires rentrent au niveau d’un portail en face de Saint-Joseph. Un agent de la police communale filtre l’entrée en laissant passer les gens par groupe selon l’avancée de la distribution dans le gymnase. « Il y avait beaucoup de monde quand j’étais arrivé ici à 6h », indique l’agent de la commune.
Ce chassé-croisé à Mahamasina montre la réalité dans le pays. La joie apportée par le bon parcours des Ankoay filles et garçons ne peut cacher les difficultés auxquelles font face les Malgaches actuellement. « Misaotra nampirevy » (merci de nous avoir fait rêver). Ce message de soutien publié sur la page Facebook du ministère de l’Economie et des finances à l’endroit des filles éliminées en demie la veille confirme ce côté éphémère de l’euphorie du moment avec l’Afrobasket. La réalité est moins clinquante. La réalité, c’est le prix élevé des produits de premières nécessités. La réalité c’est le pouvoir d’achat qui s’effrite à vue d’œil. La réalité c’est l’incertitude grandissante qui plane sur les ménages. Malgré tout cela : « Alefa Ankoay ». Â
Tolotra Andrianalizah