Les Malgaches ont toujours regardé d’un air envieux la façon dont le Japon a su marier tradition et modernité, faisant de l’archipel l’un des pays les plus prospères du monde.
Dans le cadre de la troisième édition de la Jica Chair, un partenariat entre l’Université d’Antananarivo et l’Agence japonaise de coopération, le Dr Motoki Takahashi a tenu un cours sur « l’expérience de développement du Japon et l’importance des connaissances indigènes » à l’Hôtel Colbert. Ce professeur émérite de l’Université de Kobe s’est penché sur l’ère Meiji (1868-1912) durant laquelle le Japon s’est beaucoup modernisé sous l’influence occidentale tout en gardant une attache traditionnelle solide. Il indique que si les dirigeants japonais ont été fascinés par l’avancée technologique et scientifique des occidentaux, ils ont gardé une grande considération pour les connaissances indigènes. Le Dr Motoki Takahashi a notamment pris exemple sur la culture du riz. Son principal message est l’importance de savoir combiner les connaissances étrangères et indigènes.
Processus de modernisation
Le parallèle entre Madagascar et le Japon a été vite fait par l’assistance dont faisait partie le professeur Raymond Ranjeva, d’autant plus que les deux pays étaient sur une même trajectoire au début de l’ère Meiji. La colonisation est passée par là . L’ancien vice-président de la Cour internationale de justice a justement indiqué que la période de la colonisation a vu la négation et la péjoration de tout ce qui est malgache. « Le processus de modernisation du pays a été stoppé par la colonisation », assène-t-il. La colonisation française de Madagascar s’est étalée de 1896 à 1960.
Le Dr Motoki Takahashi admet que le Japon a été chanceux de ne pas avoir été colonisé. « Cela a permis au Japon de choisir sa politique. Nous avons pu conserver et développer notre tradition », poursuit-il. Il souligne toutefois que le désavantage de la colonisation n’est pas insurmontable. S’adressant aux intellectuels malgaches, il les met au-devant de leur rapport à l’influence occidentale et de leur responsabilité par rapport au développement du pays et de la réduction de la pauvreté. Â
Tolotra Andrianalizah