Le député Jean Brunelle Razafintsiandraofa annonce avoir déposé une demande de commission d’enquête parlementaire sur le drame d’Ikongo.
L’élu du district d’Ikongo Jean Brunelle Razafintsiandraofa affiche sa détermination pour que toutes les responsabilités dans la tragédie de cette semaine soient établies. Une demande de commission d’enquête parlementaire a été déposée dans ce sens à l’Assemblée nationale. « Le meurtre est banalisé à Madagascar ces derniers temps. L’idée est de faire en sorte que ce qui s’est passé à Ikongo ne se reproduise plus dans d’autres régions de l’île », indique le député devant quelques journalistes. Il explique qu’une enquête parlementaire a pour but de connaitre le degré de responsabilité de chaque entité administrative. « Il se peut qu’il y ait des responsables qui auraient pris de mauvaises décisions où qui n’auraient pas agi en conséquence », poursuit-il. Le député annonce également avoir déposé plainte auprès au niveau des institutions de défense de droits de l’homme et des Nations Unies.
Pour rappel, les éléments des forces de l’ordre ont ouvert le feu sur la foule qui réclamait les présumés auteurs de rapt d’un enfant albinos aux abords de la caserne de la gendarmerie. D’après les explications apportées par le général Andry Rakotondrazaka, toutes les étapes avant l’usage de la force ont été respectées avec la mise en place d’un périmètre de sécurité, l’utilisation de gaz lacrymogène et des tirs de sommation. Il a indiqué dans une conférence de presse que les gendarmes n’avaient d’autres choix que de tirer car leur vie était menacée. Affirmation que réfute Jean Brunelle Razafintsiandraofa qui se base sur des témoignages qu’il a reçus. Le député estime que si les forces de l’ordre ont réellement fait des tirs de sommation, la situation aurait été toute autre. « Il n’y a qu’une enquête approfondie qui pourrait lever le voile sur ce qui s’est réellement passé », poursuit-t-il.
Climat délétère
Au-delà de la tuerie, l’élu attire l’attention sur le climat social délétère qui prévalait déjà avant les faits. Il indique que les semaines précédant le drame étaient émaillées de meurtres dont celui d’un prince sans que personne ne soit appréhendé. « Le rapt de l’enfant albinos a justement eu lieu durant les funérailles de ce prince auxquelles avait assisté le père de la victime. Les ravisseurs avaient alors enlevé l’enfant après avoir tué la mère », raconte-t-il. Ayant eu vent de l’arrestation de suspects, les habitants du fokontany se sont rués vers la caserne.Â
Le député indique que le calme est revenu dans le district qui continue de compter ses morts. Jean Brunelle Razafintsiandraofa avance 23 personnes décédées et 46 blessés. Remerciant le corps médical qui a fait ce qu’il a pu avec les moyens du bord, l’élu d’Ikongo profite de l’occasion pour soulever le manque d’infrastructures de développement dans son district. Jean Brunelle Razafintsiandraofa est d’ailleurs connu pour les photos de la route en piteux état qu’il partage allègrement sur sa page Facebook. « C’est triste qu’il ait fallu ce massacre pour qu’Ikongo soit enfin remarqué », conclut-il.
Tolotra Andrianalizah