Les discussions entre Madagascar et la France autour des îles Malgaches/Eparses reprendront avec une nouvelle réunion de la commission mixte. Mais entre la première réunion en novembre 2019 à Antananarivo et la deuxième prévue à Paris en octobre 2022, de l’eau a coulé sous les ponts avec un nouvel élément : la crise gazière liée à la situation en Ukraine.
« Et si la France exploitait son propre gaz ? », lançait le sénateur Philippe Folliot dans les colonnes de l’hebdomadaire économique La Tribune quelques semaines après le début de l’invasion russe en Ukraine. Ce fervent défenseur des îles Eparses fait allusion à l’île « française » de Juan de Nova. Il a récemment remis une couche au palais du Luxembourg en lançant devant ses pairs, « pourquoi le gaz ne pourrait-il pas venir de France ? », dans une logique de recherche d’autonomie énergétique. « Les experts s’accordent à dire que les principaux gisements gaziers de ce 21ème siècle se trouve dans le Canal de Mozambique (…) Au milieu il y a une ile française : Juan de Nova », fait-il remarquer en soutenant la reprise de l’exploration qui n’a pas été prolongée en 2019. Deux sociétés, South Atlantic Petroleum et Marex Petroleum, avaient obtenu un permis de recherche en 2013, un permis qui n’a pas été renouvelé en 2018.
« Ici, c’est la France »
Il faut dire que les pays de l’Union européenne sont au-devant d’une crise énergétique avec la réduction significative de l’approvisionnement de gaz russe. C’est dans ce contexte que la commission mixte entre Madagascar et la France se rencontreront à Paris en octobre, si la réunion a été prévue dans un premier temps en septembre. Le ministre des Affaires étrangères Richard Randriamandrato lance devant la presse que l’objectif reste le même pour Madagascar : « trouver un terrain d’entente sur la souveraineté de ces îles Malgaches ». « J’en ai parlé à l’ambassadeur de France. On va voir à qui revient cette souveraineté », indique le ministre qui ajoute que cela relève non seulement du droit international mais aussi des négociations. « Une fois qu’on a accordé nos visions, on peut voir ensemble les programmes pour nous permettre de nous avancer dans le développement de cette région que ce soit dans le domaine de l’environnement que de l’énergie », poursuit-il.
Pour rappel, la France ignore depuis 1979 une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU qui « invite le gouvernement français à entamer, sans plus tarder, des négociations avec le gouvernement malgache, en vue de la réintégration des îles précitées, qui ont été séparées arbitrairement de Madagascar ». Le président malgache Andry Rajoelina en a fait son cheval de bataille depuis son accession au pouvoir. Cela a donné lieu à la création d’une commission mixte franco-malgache sur ces îles qui s’est réunie une première fois à Antananarivo en novembre 2019. Un mois avant cette réunion, le président français Emmanuel Macron s’était fendu d’un « Ici, c’est la France », lors d’une visite mal vue à Madagascar sur l’une de ces iles. La France est allée plus loin en classant l’archipel des Glorieuses réserve naturelle en juin 2021. Affaire à suivre …
Tolotra Andrianalizah