Est célébrée ce 3 octobre la journée mondiale de l’Habitat, une occasion de s’intéresser au phénomène de bidonvilisation qui gagne les grandes villes malgaches.Â
« Habitat et non logement », souligne le secrétaire d’Etat en charge des Nouvelles villes et de l’habitat Gérard Andriamanohisoa. L’habitat ne se limite pas au logement mais à tout ce qui l’entoure indique-t-il dans son allocution à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de l’Habitat sous le thème « Combler le fossé. Ne laisser personne ni aucun lieu de côté ». Pour cette année, l’accent a été mis sur l’inégalité croissante des conditions de vie dans le monde. A Madagascar, la tendance va vers la bidonvilisation des grandes villes, un phénomène que les autorités tentent d’inverser à travers notamment la promulgation de la loi sur la promotion du logement, l’augmentation en nombre des réserves foncières dédiées au logement, la mise en place de la vente-location à long terme et le lotissement de parcelles viabilisées. Gérard Andriamanohisoa de rappeler que le défi de l’Etat reste la construction de 40 000 logements en 5 ans sur tout le territoire.
Bidonville-type
La tâche s’annonce ardue. Les chiffres sont éloquents. Sur les 8 125 000 malgaches vivant dans les zones urbaines (34.5% de la population), 77.2% soit 6 273 000 habitent les bidonvilles. Olivier Razafindrabe et sa famille en font partie. Ils sont sept à se partager une pièce de moins de 10m2 au cÅ“ur du quartier de Manarintsoa Anatihazo, zone d’intervention du programme participatif d’amélioration des bidonvilles à Antananarivo mis en Å“uvre par le secrétariat d’Etat en charge des Nouvelles villes et de l’habitat et financé par UN-Habitat. Bien que la maison d’Olivier Razafindrabe soit en dur et ait l’électricité, elle est dépourvue d’eau potable et de sanitaires. « Nous jetons nos excréments dans le canal. C’est un réel problème », lance-t-il. Le programme prévoit d’ailleurs la mise en place de toilettes communautaires au sein du quartier. Pour l’heure, il bénéficie déjà du pavement progressif de la ruelle qui mène à son domicile. « C’est un réel plus. Chaque année en saison de pluie, on s’enfonce dans la boue jusqu’aux genoux pour rentrer. Nous aimerions que le pavement se poursuive dans les ruelles secondaires », ajoute-t-il. Â
Le quartier de Manarintsoa cristallise à lui seul toutes les caractéristiques du bidonville tananarivien où se mêlent constructions en dur et case en bois, sans aucune planification apparente. Les maisons se collent les unes aux autres. Les canaux d’évacuation jonchés de détritus ne laissent présager rien de bon à l’approche des saisons de pluie. Ces dernières années, Manarintsoa a même connu une série de violents incendies, le dernier en date étant survenu en 2020. Enfin, la zone est tristement célèbre pour son insécurité quasi folklorique. Au-delà de ces aspects, Manarintsoa est pourtant grouillant de vie avec beaucoup d’enfants et de jeunes mais aussi des pères de famille comme Olivier Razafindrabe qui n’aspire qu’à une meilleure condition de vie pour sa femme et sa progéniture.
Tolotra Andrianalizah