Alors que huit pays africains « testent » la Zone de libre-échange continentale africaine à travers une « initiative sur le commerce guidé », Madagascar ne fait pas encore partie de ce qui est annoncé comme la grande messe du commerce intra-africain.
Quels produits ? Quel niveau de compétitivité ? Autant de questions qui se posent côté malgache autour de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pendant que huit pays enclenchent la vitesse supérieure. Le Cameroun, l'Égypte, le Ghana, le Kenya, Maurice, le Rwanda, la Tanzanie et la Tunisie répartis sont les premiers pays à remplir les conditions pour prendre part à l’initiative sur le commerce guidé, les premiers pas concrets de la ZLECAf. L’initiative de commerce guidé a été lancée au début du mois à Accra au Ghana. L’idée est de tester l’environnement opérationnel, institutionnel, juridique et de politique commerciale dans la cadre de la ZLECAf. « C’est une étape importante dans le processus. C’est un bon exemple pour voir comment fonctionne l’instrument juridique de la ZLECAf », souligne la directrice du commerce extérieur Sadiah Razafimandimby qui glisse que la zone de libre-échange n’est plus un mythe.
Dialogue public privé
Il est à noter que Madagascar n’a pas encore entériné sa participation à la ZLECAf. La Grande ile fait partie de la dizaine de pays à ne pas encore ratifier. Une séance de sensibilisation a eu lieu la semaine dernière autour de la zone de libre-échange sous l’égide du PNUD représenté par le chef de projet Komi Tsowou devant un secteur privé incrédule. « Nous ne sommes pas contre l’entrée dans la ZLECAf mais il faut qu’on tire des leçons de notre expérience dans la SADC et le Comesa », lance la directrice exécutive du Groupement des entreprises franches et partenaires (GEFP) Eva Razafimandimby. « Nous ne devons pas nous précipiter. Il faut prendre le temps de voir les produits qui doivent être protégés afin de préserver les entreprises malgaches », ajoute-t-elle. Le président du Syndicat des industries de Madagascar Hassim Amiraly de son côté a attiré l’attention sur la compétitivité du pays tandis que Alain Pierre-Bernard du Groupement des entreprises de Madagascar (GEM) déplore les lacunes du dialogue public privé. « La partie malgache a signé la création de la ZLECAf sans concertation avec le secteur privé pourtant ce sont les entreprises qui vont affronter le marché », déclare ce dernier.
Quoi qu’il en soit, la zone de libre-échange avance avec ou sans Madagascar. Le 11ème conseil des ministres du Commerce de la ZLECAf s’ouvre cette semaine à Libreville au Gabon, une réunion à laquelle ne participe donc pas Madagascar. L’initiative sur le commerce guidé concerne 96 produits. Les experts indiquent que l’initiative permettra de tester l'efficacité des opérations et des politiques de la zone de libre-échange. Pour rappel, la ZLECAf est entrée en vigueur le 1er janvier 2021. Il s’agit de la plus grande zone de libre-échange au monde avec 55 pays participants.
Tolotra Andrianalizah