La signature du contrat pour la construction de l’autoroute reliant Antananarivo-Toamasina a été effectuée ce jour. Le tracé présenté passe par deux aires protégées mais aucune mention d’une éventuelle étude d’impact environnemental pour le moment.
Historique. Le président de la République Andry Rajoelina qualifie d’historique la signature du contrat de ce qui sera la première autoroute de la Grande île. « Madagascar entrera dans la cour des pays africains qui sont dotés d’autoroute », déclare le locataire du Palais d’Iavoloha où s’est déroulée la cérémonie. Le ministre des Travaux publics Jerry Hatrefindrazana et le CEO de Samcrete Sherif Nazmy ont signé le contrat ce jour devant un parterre d’élus et de responsables étatiques essentiellement des régions concernées par le projet. Le ministre de souligner dans son intervention que la société égyptienne Samcrete est celle qui a proposé l’offre la moins chère parmi trois grandes entreprises.
Cout total du projet : 924 millions de dollars. Jerry Hatrefindrazana indique que Madagascar prendra en charge 20% du budget, le reste étant à la charge de bailleurs étrangers sans donner plus de précision. « Comme ce qui se fait dans d’autres pays, un péage sera instauré à l’entrée de l’autoroute. Cela devra permettre d’amortir la construction en 15 ans », déclare le ministre qui parle de 10 000 à 15 000 ariary pour les voitures et au plus 20 000 ariary pour les camions.
S’il faut entre 8 et 10 heures pour parcourir les 360 km de la RN2, il ne faudra plus que 2h30 pour rallier la capitale depuis Toamasina avec l’autoroute. Andry Rajoelina n’a pas manqué de souligner les avantages qui s’offrent aux usagers de la route et à l’économie malgache en général. Il indique que cela va réduire considérablement le cout du transport des marchandises et des personnes sur cet axe qui relie le centre névralgique du pays à son poumon économique. Dans ce sens, le ministre Jerry Hatrefindrazana appelle tout un chacun à éviter les points de vue négatifs par rapport à l’autoroute pour le bien du pays. Il indique dans ce sens que le chantier devrait être lancé après deux semaines. « Les études techniques ont débuté en 2020. L’entreprise Samcrete est sur le terrain depuis trois mois. L’étude technique dépasse actuellement les 50 km. On peut commencer la construction de l’autoroute. Le chantier devra durer quatre ans », lance-t-il devant la presse.
Ecoponts
Un empressement qui ne semble pas être du gout de certains membres de la société civile. Ils déplorent que pour le moment, il n’ait pas encore été question d’impact environnemental. « Normalement, les études d’impact doivent être réalisées avant le début du chantier. Il y a un risque que des changements doivent être effectués en cours de route, ce qui affecterait le budget », lance un des exposants au Forum des organisations de la société civile. Un autre activiste de l’environnement attire l’attention sur le tracé de l’autoroute qui passe par deux aires protégées dont le corridor Ankeniheny-Zahamena qui non seulement fait partie des dernières forêts naturelles de la région Antsinanana mais dont l’importance pour l’équilibre de la biodiversité de la zone est primordiale. D’autant plus que le corridor fait face depuis quelques années à diverses pressions. D’après notre second interlocuteur, il est possible de préserver le corridor en mettant place par exemple des écoponts, un système qui est utilisé dans d’autres pays.
Tolotra Andrianalizah