Le dialogue social fait face à plusieurs défis à Madagascar parmi lesquels la faible propension des travailleurs à se syndiquer.
« Les travailleurs sont de moins en moins intéressés par le syndicalisme ». Voilà le constat du coordonnateur général de la Conférence des travailleurs de Madagascar (CTM) Rémi Botoudi qui évoque la nécessité de revitaliser les syndicats. « Cela passe par l’augmentation du taux de syndicalisation dans le pays. Le taux à Madagascar est faible », poursuit-il. Il explique que les non-syndiqués ne prennent pas leurs responsabilités dans la défense de leurs droits. « Pourtant, ils retirent des bénéfices des actions syndicales car les syndicats négocient pour tous les salariés sans exception ». La faiblesse des syndicats ne se résume pas à leurs effectifs toujours selon Rémi Botoudi. Il estime que l’efficacité des syndicats dépendra de leur capacité à parler d’une seule voix. Il évoque également l’amélioration de la gouvernance interne. Enfin, il avance que les syndicats doivent mieux maitriser le dialogue social à travers la maitrise des techniques de négociation pour la mise en place d’un intérêt commun pour employeurs et travailleurs.
Intimidations
D’une manière ou d’une autre, le dialogue social s’en retrouve impacté. Pour sa part, le secrétaire général du Fisema (Firaisan’ny sendikan’ny mpiasa eto Madagasikara) José Randrianasolo estime que les employeurs sont actuellement en position de force. « C’est normal au vu du déséquilibre actuel sur le marché du travail », explique-t-il. José Randrianasolo va plus loin en fustigeant le manque de volonté actuel dans le dialogue social qu’il qualifie finalement d’hypocrite. « Au final, on ne dialogue que lorsqu’il y a un problème or le dialogue doit prévenir les problèmes », lance-t-il. Il attire enfin l’attention sur la liberté syndicale qui d’après lui n’est pas garantie. « Les personnes qui veulent se syndiquer peuvent faire face à des intimidations », indique-t-il.
Une jeune syndicaliste confirme le déséquilibre dans le rapport de force, prenant exemple sur une grande entreprise à Madagascar qui a ignoré son comité d’entreprise avant de prendre une décision. « C’est interdit par la loi mais cette entreprise l’a faite délibérément », poursuit-elle. Elle confirme également les intimidations dont sont victimes les membres des syndicats. « Même si un employeur ne peut pas licencier un membre de syndicat, il peut lui mener la vie dure en lui refuser plusieurs avantages », explique cette jeune mère de famille. Membre syndicaliste depuis quatre ans, elle indique avoir choisi cette voie après avoir dû lutter seule contre un employeur. « Je me suis dit que le meilleur moyen de lutter contre l’injustice au travail c’est de faire partie d’un syndicat ».
Tolotra Andrianalizah