L’amélioration du climat des affaires est définitivement un dénominateur commun dans les velléités de développement du pays. Une fois de plus, la responsabilité de l’Etat sur ce front a été soulevée lors du business forum dédié au travail décent organisé par l’Organisation international du travail.
« Favoriser la productivité pour garantir le travail décent ». Voilà l’une des déclarations de Noro Andriamamonjiarison qui représente le Groupement des entreprises de Madagascar au business forum dédié au travail décent organisé par l’Organisation international du travail. Elle soutient que si les entreprises n’ont pas la compétitivité et les ressources suffisantes, elles ne sont pas en mesure de mettre en place le travail décent. Dans son allocution, Noro Andriamamonjiarison rappelle la responsabilité du gouvernement dans la « mise en place des conditions de développement des chaines de valeurs où le travail décent peut s’épanouir ». Dans ce sens, elle cite comme priorité l’amélioration du climat des affaires, une rengaine du secteur privé depuis quelques années. Elle souligne notamment l’adoption de mesures et de politiques pour un environnement propice aux entreprises durables et l’amélioration de la qualité des services publics. La vice présidente du Groupement des entreprises franches et partenaires Sariaka Manoarivelo déplore en effet la remise en question récente des avantages des entreprises sous le régime de zone franche. Œuvrant dans le textile, elle souligne également les difficultés que rencontrent les entreprises à cause des déboires de la Jirama. « Nous avons dû investir dans des groupes électrogènes pour assurer notre production », indique-t-elle.
Dextérité
Noro Andriamamonjiarison ne rejette pas toutefois les responsabilités du patronat. « Mettre en place les conditions du travail décent avec la sécurité au travail et les conditions de rémunération relève de notre responsabilité », indique-t-elle en ajoutant que les travailleurs y ont également un rôle à jouer dans une certaine mesure. Elle soutient que l’industrialisation du pays ne doit pas se faire au détriment du travail décent.
Quoi qu’il en soit, le potentiel de croissance de Madagascar n’est plus à démontrer notamment dans le textile, le focus du forum. Il faut savoir que ce secteur représente à lui-seul 30% des emplois formels dans le pays. Le savoir-faire des petites mains malgaches est reconnu dans le monde entier comme le souligne Sariaka Manoarivelo. « Pour le travail de qualité qui nécessite de la dextérité, les donneurs d’ordre se tournent vers Madagascar », indique-elle. Dans ce sens, elle estime que la formalisation est une voie vers le travail décent. D’après elle, les donneurs d’ordre sont exigeants dans le respect du travail décent. « Il arrive que nous ayons plusieurs audit par an pour se conformer aux normes. On ne peut se permettre une mauvaise publicité comme ce qui s’est passé au Bangladesh », ajoute-t-elle. La représentante de la Société financière internationale Macelle Ayo souligne que se mettre aux normes est un facteur de productivité mais permet aussi d’accéder à des marchés.
Le business forum s’étale sur deux jours. L’engagement des parties prenantes est attendu pour faire avancer la justice sociale et l’industrialisation durable dans le pays. « Je voudrais ainsi inviter toutes les entités présentes […] à participer activement aux échanges et débats car vos contributions sont précieuses et aideront à identifier les pistes d’interventions qui renforceront la promotion de la justice sociale et du travail décent pour des chaînes d’approvisionnement plus compétitives et inclusives à Madagascar », lance la directrice du département de la gouvernance et du tripartisme de l’OIT Genève. Il est à noter que l’OIT intervient actuellement à travers quatre projets, Better work, Fonds vision zéro (VZF), Trade for better work (T4BW) et Chaines d’approvisionnement durables pour mieux reconstruire (SSCBFB).
Tolotra Andrianalizah