Transparency International et sa section malgache Transparency International – Initiative Madagascar appellent à l’ouverture d’une enquête sur des possibles faits de corruption dans le commerce du litchi à Madagascar.
La science du teasing par Transparency International – Initiative Madagascar (TI-IM). Le 5 novembre, sur sa page Facebook, TI-IM a attiré l’attention sur le litchi, évoquant « une filière prometteuse mais en perte de vitesse », chiffres à l’appui (24 000 tonnes exportées en 2008-2009 contre 14 500 tonnes en 2021-2022). Avec la promesse d’en dire davantage. Depuis cette date, TI-IM a donné plus de détail chaque jour sur les réalités peu reluisantes de l’exportation de litchi en soulignant notamment une mainmise du Groupement des exportateurs de litchi (GEL), le rôle qualifié d’opaque joué par la société mauricienne The Litchi Trading Company Ltd (LTC) dans l’exportation dans l’Union européenne et deux importateurs exclusifs du licthi malgache en France. Hier, TI-IM a rappelé, toujours sur sa page, les recommandations qu’elle a faites pour améliorer la filière. Des recommandations qui n’ont pas été prises en compte selon elle. Aujourd’hui, l’association a déposé simultanément un signalement auprès du Parquet national financier en France et du Pôle anti-corruption à Madagascar pour appeler les autorités françaises et malgaches à ouvrir une enquête sur de possibles faits criminels.
Corruption transnationale
Selon les explications de la directrice exécutive de TI-IM Ketakandriana Rafitoson, tout a commencé en 2019 quand un opérateur a alerté l’association sur l’emprise qu’a le GEL sur l’exportation de litchi par voie maritime vers l’Union européenne. « Nous avons mené notre enquête sur les possibilités de corruption et les impacts de cette situation sur la filière et l’économie surtout sur les producteurs et les autres opérateurs qui ne sont pas membres du GEL », indique-t-elle. Le conseiller en plaidoyer de TI-IM Dr Frédéric Lesne ajoute que l’association a mené son enquête durant trois ans. « Nous avons collecté des éléments de preuve sous la forme de documents et de témoignages qui indiquent qu’il pourrait y avoir des problèmes de corruption, de blanchiment d’argent et de fraude fiscale concernant la filière », poursuit-il en précisant que d’autres documents et témoignages que l’association a pu avoir ont étayé les informations et confirmé les suspicions. « Nous avons des éléments qui indiqueraient qu’il y a eu des pots de vin versés par des entreprises en échange de faveur, dont des droits d’importation exclusifs », déclare-t-il. Dr Frédéric Lesne souligne également le fait que la LTC soit devenu un intermédiaire incontournable entre les importateurs français et le GEL. « Nous avons pris le temps de monter un document solide avant de le déposer auprès des autorités judiciaires en espérant qu’une enquête soit ouverte », résume-t-il.
Ketakandriana Rafitoson attire l’attention sur le fait que l’affaire ne concerne pas seulement Madagascar. « Il y a d’autres pays (France, île Maurice) qui sont concernés et nous soupçonnons une corruption transnationale. Nous devons lutter contre cette forme de corruption. Le but est d’améliorer la gouvernance de la filière litchi pour qu’elle permette aux malgaches d’en tirer profit », explique-t-elle. D’après la directrice exécutive de TI-IM, cette situation peut expliquer la dégradation de la filière avec d’un côté le litchi de Madagascar qui commence à être boudé par les consommateurs et des producteurs qui n’arrivent plus à vivre de leur activité. En effet, le GEL exige que le transport vers l’Union européenne ne se fasse uniquement que par bateau, nécessitant le souffrage des fruits, ce qui nuit à sa qualité une fois sur les étals. Ketakandriana Rafitoson s’interroge d’ailleurs sur cette mainmise du groupement qu’elle juge illégal dans la mesure où aucun appel d’offre n’a été lancé à cet effet. « Il est possible de relever la filière mais cela passe par une prise de responsabilité », déclare-t-elle.
Tolotra Andrianalizah