Le dernier rapport d’audit des subventions du Fonds mondial met en avant l’impact limité des investissements dans la lutte contre le VIH.
Le sida progresse à Madagascar malgré les fonds alloués à la lutte. Le nombre de contamination a explosé au cours des dix dernières années indique le dernier rapport d’audit des subventions du Fonds mondial publié fin novembre. Le nombre annuel des nouvelles infections est passé de 2 300 en 2010 à 9 000 en 2021. Il en est de même pour le nombre de décès qui est passé de 500 à 2 900. L’ONUSIDA estime à 60 000 le nombre de personnes vivant avec le VIH en 2021 soit une hausse de 43% par rapport à 2020 (42 000).
90-90-90
Le rapport attire l’attention sur l’impact limité des investissements dans la lutte contre le VIH. En effet, depuis 2005, le Fonds mondial a déboursé près de 72 millions de dollars dans ce sens. « Pourtant, aucun progrès significatif par rapport aux impacts attendus n’a été enregistré à ce jour ». Le rapport pointe du doigt des insuffisances dans la conception et la mise en œuvre de l’approche de dépistage du VIH, la rupture récurrente des stocks de tests de dépistage du VIH et un déphasage des indicateurs de la subvention vis-à -vis des attentes. Si le nombre de personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur statut a augmenté de 69 % entre 2018 et 2021, cela ne représente que 15% des personnes vivant avec la maladie. Idem pour le nombre personnes sous traitement antirétroviral qui est passé de 3 510 à 8 995 au cours de la même période. Madagascar est encore très loin des objectifs 90-90-90 de l’ONUSIDA qui voulait qu’en 2020 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, 90% aient accès à un traitement antirétroviral et 90% voient leur charge virale disparaitre. Le taux de réalisation du « premier 90 » de la Grande ile est tout simplement le plus faible en Afrique. La moyenne des trois régions africaines s’établit entre 67% et 90%.
Pendant ce temps, le secrétariat exécutif du Comité national de la lutte contre le sida est visé par un audit de l’Inspection générale de l’Etat sur ordre du président de la République Andry Rajoelina. D’après le communiqué de la Présidence, le Fonds mondial a réclamé le remboursement de dépenses inéligibles effectuées au sein de l’entité.
Tolotra Andrianalizah