Mayotte n’attire pas que les Comoriens. Des Malgaches tentent également la traversée pour quitter le marasme du pays et aller voir si la pauvreté est moins difficile à vivre sur le sol mahorais.
« Cette année nous avons réussi trois coups de filet ». Voilà le bilan de la lutte contre l’immigration clandestine vers Mayotte d’après une source auprès du groupement de la gendarmerie nationale dans la région de Diana. L’un a permis l’interception d’une embarcation avec à son bord 24 « victimes » et l’arrestation de 19 personnes. Les deux autres ont vu les gendarmes interpeller des passeurs présumés soit 22 personnes au total, selon les explications de notre interlocuteur. « Nous appelons les candidats à l’immigration clandestine des victimes car ils le sont », précise-t-il. D’après lui, la préparation des départs implique plusieurs personnes organisées en véritable réseau.
334 km
Le nombre d’interceptions de migrants est bien maigre par rapport au nombre de Malgaches qui passeraient donc entre les mailles. Un peu plus tôt dans l’année, la police mahoraise a intercepté une barque avec à son bord 55 ressortissants malgaches. Sur la période janvier-octobre 2022, la préfecture de Mayotte a annoncé 19 959 reconduites à la frontière dont 373 malgaches dans le cadre de l’opération « Shikandra ». Un habitant de Nosy-Be raconte d’ailleurs d’une quinzaine de ses amis sont actuellement clandestins à Mayotte. Il évoque notamment un jeune de 28 ans qui venait de partir 5 mois plus tôt. « On ne sait jamais quand ils sont partis. C’est quand ils sont là -bas qu’on est au courant de leur départ. C’est très discret. Apparemment, même les migrants ne savent pas la date exacte. Des amis m’ont raconté que parfois, les passeurs informent quelques dizaines de minutes avant le départ », indique-t-il en ajoutant que les traversées se font de nuit. D’après les récits de ses amis, il raconte que les embarcations vont directement vers Mayotte. Il arrive parfois qu’elles font un détour sur l’île comorienne d’Anjouan. Notre interlocuteur fait remarquer que la plupart des candidats à l’immigration qu’il connait sont des jeunes femmes. « Certaines vont là -bas pour se marier. D’autres finissent prostituées », déplore-t-il. Notre source auprès de la gendarmerie confirme qu’environ 75% des migrants interceptés sont des femmes.
La traversée n’est cependant pas sans danger. 334 km séparent Nosy-Be de Mayotte. Les tragédies sont nombreuses à l’image de ce qui s’est passé en mai 2015 quand 9 malgaches dont 4 enfants ont perdu la vie dans le naufrage de leur bateau. Notre interlocuteur de Nosy-Be indique connaitre personnellement des gens qui ont péri en tentant de rejoindre Mayotte.   Â
Tolotra Andrianalizah Â