Le parcours exceptionnel des Barea au Championnat d’Afrique des nations est une source de joie pour la population malgache à la manière de l’équipe nationale à la Coupe d’Afrique des nations en 2019. Quelle conclusion peut-on tirer de cette performance ?
Avant d’aller plus loin, il convient de rappeler que Championnat d’Afrique des nations ou CHAN, qui se joue en alternance avec la Coupe d’Afrique des nations ou CAN, est un tournoi continental où les équipes participantes ne peuvent aligner que les joueurs qui évoluent dans leur championnat domestique. En somme, exit les expatriés quand on sait que des joueurs africains comme Sadio Mané ou Mohammed Salah brillent à l’étranger.
Le championnat domestique malgache a connu une révolution en 2019 avec le lancement de la Pro-League. L’idée au départ était justement d’élever le niveau du football à Madagascar. Pari tenu ! Trois ans plus tard, le parcours actuel des Barea au CHAN tend à le confirmer. Pour les acteurs du ballon rond dans la Grande île, c’est une certitude. « L’Orange Pro-League (OPL) a été un facteur majeur de l'accroissement du niveau des Barea locaux, lance le directeur de cabinet de la ligue Mirado Rakotoharimalala. Le format actuel met l'accent sur le niveau des matchs. Tous les matchs comptent. Les clubs doivent prendre au sérieux chaque rencontre ce qui n'a pas été le cas avec le format précédent où il fallait juste être concentré et compétitif pendant trois matchs pour devenir champion. Maintenant, avec l'OPL, le club doit être concentré et compétitif durant toute la saison. Le format actuel, avec le système de matchs joués à domicile à l'extérieur, est également un facteur non négligeable car les joueurs et les coachs vivent mieux l'adversité ».
Une bonne préparation
Pour l’entraineur des Fosa Junior Franck Rajaoanarisamba, qui compte cinq joueurs dans la sélection, l’augmentation du nombre des matchs a été déterminante. « Avant, on avait un système de zone tous les mois. Maintenant avec la Pro League, on a un match par semaine. Cela a permis aux joueurs d’avoir du rythme. On peut dire que la Pro League a amélioré la performance de nos joueurs », explique-t-il. Le propriétaire du Centre de formation de football d’Andoharanofotsy Henintsoa « Tôta » Rakotarimanana pour sa part s’attarde sur les exigences de l’OPL. « L’OPL regroupe les meilleures équipes de Madagascar. Cela veut dire qu’on a déjà un certain niveau. Le niveau des entraineurs est également important. La Pro-League exige que les coachs aient une licence A. Sinon, les clubs doivent aussi avoir les moyens. Cela assure une certaine stabilité chez les joueurs. On récolte les résultats à travers ce CHAN », indique-t-il. Â
Le parcours des Barea n’est cependant pas une surprise affirme Franck Rajaoanarisamba qui souligne la préparation. « Le coach Roro a toujours dit que tout dépend de la préparation. Nous avons eu beaucoup de matchs amicaux pour évaluer les joueurs. C’est très important. Sans cela, il aurait été difficile d’avoir une cohérence dans le jeu », déclare-t-il en faisant le parallèle avec l’équipe A. « Cela a d‘ailleurs toujours été le problème des Barea A. Ils n’ont en général que deux ou trois jours de préparation. Pour le CHAN, les joueurs ont été ensemble plus longtemps ». Mirado Rakotoharimalala de son côté indique tout le monde a toujours su Madagascar a des joueurs talentueux. « Mais c'est l'opportunité pour eux d'exploiter leurs talents qui ont manqué. Je salue surtout le travail du staff technique qui a su redynamiser le groupe et donner de la confiance aux joueurs », conclut-il.
La finale en ligne de mire
Sur ce point, Franck Rajaoanarisamba s’est dit agréablement surpris par les buteurs que sont Tsiry Tokinantenaina et Koloina Razafindranaivo. « Ils arrivent que les joueurs tergiversent dans la surface de réparation mais Ra-Kol et Tsiry ont montré un sens du but incroyable durant le championnat », lance-t-il. Pour Tôta, Koloina Rajaonarisamba a littéralement explosé lors de ce championnat. « Je sais qu’il est talentueux mais je ne m’attendais vraiment pas à ça. Je sais qu’il est capable de marquer ce genre de but comme ce tir du gauche pleine lucarne. Il a montré ce dont il est vraiment capable. Je pense que la récente expérience continentale l’a beaucoup aidé », se réjouit le propriétaire du club où évolue celui que les fans malgache surnomment déjà KR7. Tôta ne cache pas sa fierté quant à la performance de son joueur. « C’est toujours un bonheur de voir son poulain réussir. C’est comme un professeur qui voit son élève performer. Quelle joie ! ».
Chacun pense que les Barea ont la possibilité d’aller très loin dans la compétition. Les hommes de coach Romuald « Rôrô » Rakotondrabe affrontent le Sénégal mardi soir pour une place en finale. « Au vu de leur performance jusqu’ici, le Sénégal est à notre portée. Si rien ne change, la finale contre l’Algérie est envisageable », estime Franck Rajaoanarisamba. Si Tôta pense que les Barea ont de réelles chance d’aller jusqu’au bout il se méfie déjà de l’Algérie. Une manière de dire que les Malgaches battront les Lions de la Teranga.
Tolotra Andrianalizah