Fenosoa et Bodo … ou comment s’imposer dans un monde d’hommes. C’est un véritable exploit qu’a réussi l’équipe de Madagascar à l’International catering cup qui s’est déroulé à Lyon en janvier.
Si Fenosoa Rahajamalala et Bodo Rakotovao ont échoué au pied du podium, leur parcours à l’International catering cup est remarquable à plus d’un titre. Parmi les douze équipes à avoir participé, celle coachée par le chef Lalaina Ravelomanana était la seule équipe féminine à être qualifiée, avec le Mexique. « C’est quand même un métier éprouvant. Il faut de l’endurance car on doit se tenir debout plusieurs heures d’affilées, souligne Fenosoa Rahajamalala, mais je trouve qu’il y a de plus en plus de femmes qui le font ». Mais au-delà des aptitudes physiques, le chef Lalaina Ravelomanana va plus loin en indiquant que c’est un monde d’hommes, voire un monde de macho. « C’est pour cela que j’ai choisi des femmes ! », ironise-t-il en précisant que même le jury était composé à 100% d’hommes. Le résultat lui donne raison car Fenosoa et Bodo ont donc terminées quatrième derrière les Etats-Unis, le champion, la France et la République Tchèque. « Les participants au tournoi ont été surpris par le flegme qu’ont affiché Fenosoa et Bodo », raconte le chef Lalaina Ravelomanana. Il a évoqué notamment un glaçage au chocolat qui avait fondu quelques minutes avant l’envoi durant le concours. « Elles n’ont pas paniqué. Elles se sont juste remises au boulot », indique-t-il.  Le duo a impressionné d’autant plus que Fenosoa et Bodo ne sont pas cheffes. Elles sont encore cheffes de partie, c’est-à -dire des responsables d’un secteur de la cuisine du Marais.
Un an de préparation
C’est la première fois que les deux jeunes femmes participent à un concours d’une telle envergure. Elles affirment avoir été intimidées au début mais au fur et à mesure que le concours avançait, leur trac s’était estompé. La préparation a porté ses fruits. Il faut dire qu’un concours comme l’International catering cup ne s’improvise. « Nous avons commencé à nous préparer un an à l’avance en mettant au point nos créations avec l’aide de l’équipe au restaurant », explique Bodo Rakotovao, qui indique que ce sont les quatre derniers mois qui ont été les plus intenses. « Il fallait faire et refaire les plats. Rien n’est laissé au hasard », poursuit-elle.
Le chef Lalaina Ravelomanana indique par ailleurs que la participation à l’évènement n’aurait pas pu se faire sans le soutien des sponsors. « Participer à un concours international a un cout. Rien que pour l’entrainement, il nous a fallu importer des ingrédients comme le saumon ou même le porc car la viande utilisée lors du concours est différente de ce qu’on trouve chez nous », souligne le chef Lalaina. Quoi qu’il en soit, il indique que cela en valait la peine car d’après lui, la participation à des concours comme l’International catering cup, le Bocuse d’or (concours mondial de cuisine) ou encore la Coupe du monde de la pâtisserie contribue au rayonnement du pays dans le monde. « Je les classe au même titre que les Jeux Olympiques », conclut-il.
L’équipe est toutefois déçue de ne pas être montée sur le podium à l’image de Fenosoa Rahajamalala qui avait vraiment espéré mieux. Philosophe, le chef Lalaina Ravelomananana tempère en indiquant qu’il leur manquait peut-être encore quelque chose. En tout cas, il a assuré que Madagascar va revenir plus fort lors de la prochaine édition dans deux ans. Â
Tolotra Andrianalizah