Chaque communauté a le droit de créer sa propre station de radio indique l’Unesco dans son Manuel de la radio communautaire. Madagascar ne compte cependant qu’une radio communautaire proprement dite.
« Une radio communautaire est une radio fondée par une communauté pour répondre aux besoins en communication de celle-ci, lance le responsable de projet au sein de la Coalition des radios Jean Modeste Ranaivoson. La mission de la radio est de servir la communauté. Une communauté est un groupe de personnes qui partage les mêmes activités, les mêmes préoccupations et occupe un même territoire". Notre interlocuteur toutefois de souligner que bien que la radio communautaire fasse partie des radios locales, toutes les radios locales ne sont pas des radios communautaires. « En fait, seule une radio répond à la définition de radio communautaire à Madagascar. Il s’agit de la radio Mampita à Fianarantsoa », indique-t-il. Il explique que les radios communautaires ont un statut particulier. « Ce sont des associations qui disposent d’un conseil d’administration dont les membres sont des représentants de la communauté. L’équipe exécutif est salariée avec tout ce qui est technique et journalisme », poursuit Jean Modeste Ranaivoson en soulignant que la ligne éditoriale émane du conseil d’administration. Il indique qu’il y a des radios qui peuvent s’apparenter à une radio communautaire mais qui ne le sont pas.
Outil de développement
C’est le cas par exemple de la Radio Feon’ny tantsaha ou la Voix des paysans à Ambato Boeny. Dans ce sens, cette radio donne la voix aux agriculteurs du district, des cultivateurs aux éleveurs en passant par les pêcheurs. « Nous produisons des émissions qui peuvent être utiles aux paysans », explique son PDG Lalanirina Rakotodranisa. Il déclare toutefois ne pas être une radio communautaire. « Nous sommes une radio commerciale mais comme nous sommes la seule radio privée dans le district, on joue aussi un rôle communautaire », poursuit-il.
L’Unesco estime cependant que la radio communautaire est un outil du développement communautaire en donnant la parole à ceux qui en sont privés, de servir de porte-voix aux populations marginalisées. « La radio communautaire permet aux citoyens de faire connaître leurs points de vue sur les décisions qui les concernent », peut-on lire dans le Manuel de la radio communautaire de l’Unesco. Le financement des projets communautaires pose toutefois problème. « Pour assurer son fonctionnement, la radio communautaire doit faire appel à des partenaires techniques et financiers », indique Jean Modeste Ranaivoson qui fait savoir que la radio Mampita bénéficie d’un soutien de Suisse. L’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC) déplore cependant cette dépendance des radios communautaires aux aides étrangères notamment en Afrique. Pour l’association, les radios communautaires devraient plus faire appel à la participation directe des membres de la communauté. Cela permet aux radios d’exister au-delà de la durée du financement.
Tolotra Andrianalizah