La société civile a soulevé la question sur la nécessité d’une retouche de la loi sur les élections à travers un travers une conférence-débat particulièrement attendue car elle a vu la participation de la ministre de la communication et de la culture et de la secrétaire exécutive de Transparency International Initiatiave Madagascar entre autres.
Effervescence du côté du centre Arrupe à Faravohitra ce mardi 18 février. Le public était au rendez-vous pour assister à ce qui était annoncé comme une passe d’arme en live entre la ministre de la Communication et de la culture Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo et la secrétaire exécutive de Transparency International-Initiatiave Madagascar (TI-IM) Ketekandriana Rafitoson. Par la force de leur position respective, ces deux personnalités, l’une, porte-parole du gouvernement et l’autre figure de la société civile, ont été amenées à plusieurs reprises à être opposées sur divers sujets. Le débat s’annonçait électrique. La ministre, accompagnée par plusieurs membres de son staff, est apparue décontractée lors de son entrée dans la salle. Bien que le fil des discussions ait montré des divergences entre les protagonistes, les échanges se sont fait en toute cordialité.  Â
Clivant. C’est le moins qu’on puisse dire notamment sur le plafonnement des fonds de campagne. Tout au long de son argumentation, Lalatiana Rakotondrazafy laisse transparaitre sa position sur le sujet. « Toutes les dispositions de la loi sur les élections garantissent la transparence et surtout la possibilité des citoyens de choisir en toute liberté », lance-t-elle en ajoutant qu’« il suffit d’appliquer la loi ». La ministre de poursuivre que les gens votent en leur âme et conscience grâce au principe même de l’isoloir. « Finalement, personne ne peut prédire pour qui un tel ou un tel ira voter, peu importe les moyens déployés », déclare-t-elle en prenant exemple sur l’échec du président Hery Rajaonarimampianina.
Niveaux de dépenses indécents
De son côté, Ketekandriana Rafitoson parle de corruption électorale en signifiant que certains partis politiques profitent de la crédulité des citoyens pour acheter indirectement leurs voix avec un florilège de gadgets électoraux, évoquant dans la foulée des « niveaux de dépenses indécents ». Par ailleurs, elle avance ce qu’elle qualifie de captation de l’Etat par des intérêts particuliers pour justifier la nécessité d’assurer la transparence et le plafonnement des fonds. « En politique rien n’est gratuit. Si quelqu’un investit beaucoup d’argent sur un candidat, on peut être sûr qu’il attendra quelque chose en retour », lance la secrétaire exécutive de TI-IM. Elle s’aligne toutefois sur le constat de la non-application de la loi mais insiste sur la nécessité d’apporter des modifications à celle-ci notamment sur le plafonnement des fonds de campagne mais aussi sur l’établissement de sanctions pour les contrevenants.
A un certain moment, les échanges entre les deux femmes ont éclipsé leurs co-panélistes à savoir Julien Randriamorasata, membre du bureau politique du parti de l’opposition Tiako i Madagasikara et Rado Milijaona, président de la Commission de contrôle du financement de la vie politique (CCFVP). Cela n’a pas empêché le premier d’affirmer la position de son parti pour le plafonnement des fonds de campagne. « Cela se fait dans les démocraties avancées. Cela garantit l’égalité des chances entre les candidats », soutient-il.
Session parlementaire
Indiquant pour sa part avoir proposé une révision de la loi depuis 2021, Rado Milijaona insiste sur le fait que le plafonnement des fonds de campagne n’est pas inscrit dans le texte. De ce fait, il rappelle à l’assistance que les dépenses par voix obtenues à Madagascar figurent parmi les plus élevées au monde ce qui d’après lui contraste avec la pauvreté du pays. Il souligne toutefois que la transparence est effectivement garantie par la loi mais il déplore l’absence de sanction pour les contrevenants. « 23 candidats à la dernière présidentielle sur les 36 ont apporté leur compte de campagne soit 2/3. Pour les députés c’est moins de 3% et pour les sénateurs c’est 0%. Normalement, ceux qui n’ont pas suivi la règle ne doivent pas pouvoir se représenter », assène-t-il.
Le débat reste donc ouvert d’autant qu’une ultime session parlementaire est encore prévue avant le scrutin présidentiel. Le directeur exécutif de l’ONG Ivorary Hery Rason s’est dit satisfait de la tenue de la conférence. « Nous avons cherché à attirer l’attention des citoyens sur un sujet dont on ne parle pas beaucoup : Le financement des campagnes », lance celui qui a participé à l’organisation de l’évènement. « D’un autre côté, nous voulions aussi montrer qu’il est possible de débattre sur des sujets qui peuvent paraitre clivants », conclut-il.
Tolotra Andrianalizah