Samia Orosemane, la standuppeuse qui a toujours « voulu être noire », était de passage à Madagascar. Elle s’est dite impressionnée par le métissage de la population malgache.
Affluence inhabituelle au Kinga, Mahamasina, une soirée de 29 mars. Le restaurant est plein à craquer. Tout ce beau monde, des malgaches mais aussi des maghrébins, des martiniquais, des africains subsahariens, est venu voir Samia Orosemane. De passage à Madagascar dans le cadre d’une mission humanitaire, la standuppeuse française d’origine tunisienne ne pouvait ne pas se produire. « A l’origine, je venais pour une ONG, Life, pour laquelle je suis bénévole depuis maintenant six ans. On venait pour distribuer des denrées alimentaires à des familles qui sont dans le besoin (…) Autant allier l’utile à l’agréable, faire un spectacle et récolter des fonds pour la cagnotte qu’on a mise en place pour aider ces familles », nous confie-t-elle à la fin de son show.
Chaque année, durant le mois du Ramadan, Samia Orosemane se rend dans un pays pour faire des actions humanitaires. Cette année, elle a donc choisi Madagascar, un pays qu’elle ne connaissait pas à la base. « J’ai quelques amis malgaches en France. Quand on parle de Madagascar, on imagine des endroits paradisiaques mais on n’imagine pas qu’il y a aussi beaucoup de misère », lance-t-elle. L’humoriste déplore le silence autour de cette situation. « On voit qu’il y a beaucoup de gens qui sont laissés de côté et je trouve que c’est dommage qu’on en parle pas plus, parce que les malgaches sont des gens très discrets. Ce sont des  gens qui ne font pas de palabres contrairement à d’autres pays où les gens font beaucoup de bruits pour rien, ici les gens sont tellement doux. Mais quand tu ne râles pas, tu n’as pas gain de cause. Personne ne sait que tu ne vas pas bien », déclare-t-elle. D’après ses explications, l’ONG Life a pour objectif de pousser les personnes dans le besoin à l’autonomie en les aidant à se créer des sources de revenus. « C’est important car cela permet de garder sa dignité. Je suis contente que je puisse contribuer par le peu de lumière que je peux avoir moi avec mon travail ».   Â
Nouvelle école
Connue pour l’intérêt particulier qu’elle porte pour l’Afrique, en particulier l’Afrique subsaharienne, Samia Orosemane, « qui a toujours voulu être noire » dans un de ses sketchs, s’est dite agréablement surprise par le métissage qu’il y a à Madagascar. « J’ai beaucoup aimé. C’est impressionnant le mélange qu’il y a à Madagascar. Tu croises des gens, tu ne peux pas imaginer d’où ils viennent. Il y a des gens qui ressemblent à des asiatiques et il y en a qui ressemblent à des subsahariens. On sent que les gens viennent de partout pour vivre dans ce pays-là . Ils se sont mélangés. C’est assez impressionnant », partage-t-elle. Elle y est d’ailleurs allée de sa petite analyse, non sans humour, sur le côté « calme » des Malgaches. « C’est peut-être le côté asiatique ».  Â
Samia Orosemane a partagé la scène avec la nouvelle école de l’humour malgache, le tout sous la houlette d’Adrienne Irma Rabemanantsoa, maitresse de cérémonie et non moins organisatrice de la soirée. « Nous avons eu quatre jours pour tout mettre en place. J’ai vu que Samia était dans le coin. Je l’ai contactée et puis voilà  », raconte cette dernière. Les jeunes humoristes malgaches n’ont pas été en reste. Si la plupart n’avait pas fait beaucoup de scène en français auparavant voire jamais, ils ont eu le mérite d’essayer. Un courage salué par le public venu faire le déplacement. Mention particulière toutefois pour Sombinaina qui a montré son aisance dans la langue de Molière, lui qui a déjà représenté Madagascar au concours Prix RFI Talents du rire. Zina Rabedaoro s’est également illustré avec sa spontanéité. Pour Samia Orosemane, la nouvelle école malgache a toute sa place. « Ils ont du talent. Ce sont des jeunes qui méritent vraiment qu’on les suivent », souligne-t-elle.
Tolotra Andrianalizah