Le pays peut largement mieux faire en matière de lutte contre la corruption. En résumé c’est ce qui est ressorti du rapport annuel pour 2022 du Comité pour la sauvegarde de l’intégrité.
« Si cela ne tenait qu’à moi, l’Agence de recouvrement des avoirs illicites (ARAI) aurait été déjà mise en place dès 2019 ». C’est sur une pointe de frustration que la présidente du Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI) Sahondra Rabenarivo s’est exprimée lors de la présentation du rapport annuel du comité à cause de la lenteur observée dans la mise en œuvre de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption (SNLCC). Le principal fait d’armes du CSI en 2022 a justement été l’opérationnalisation et la mise en place de l’ARAI. « En quatre ans, nous n’avons réalisé que cela, déplore-t-elle. Il y a beaucoup de choses qui auraient dû être mises en place dès 2019 mais les ennemis de la lutte contre la corruption sont puissants ». Sahondra Rabenarivo rappelle entre autres que le texte sur l’ARAI a été débouté par deux fois par les députés. Il a fallu une ordonnance prise par le président de la République pour que l’agence, le dernier dispositif de lutte contre la corruption, puisse effectivement voir le jour.
Blocage
 « L’application de la loi prend du temps. Nous perdons du temps dans la promulgation. Nous perdons du temps dans les décrets de nomination », ajoute-t-elle en soulignant notamment l’opérationnalisation des Pôles anti-corruption (PAC). Si la loi en prévoit à terme un pour chaque chef-lieu de province, deux sont opérationnels avec Antananarivo et Mahajanga. Celui de Fianarantsoa dont la mise en place était prévue en 2021, a pris du retard.  Parmi les facteurs de blocage indiqués par la présidente du CSI figure l’autorisation de poursuite qui d’après le rapport constitue une entrave à la procédure judiciaire pour des raisons corporatistes et politiques. Sahondra Rabenarivo pointe également du doigt l’année blanche à la Haute cour de justice devant laquelle aucune mise en accusation n’a été présentée, un blocage qu’elle met une nouvelle fois sur le compte de l’Assemblée nationale. Pour ces diverses raisons, elle met en doute la volonté politique de lutter réellement contre la corruption dans le pays. Face aux ennemis de la lutte contre la corruption, elle indique qu’il faut une masse critique d’acteurs pour inverser la tendance afin d’avoir plus de résultats.
Le financement de la lutte contre la corruption est également sujet à frustration. Si la SNLCC a fixé comme objectif d’allouer 0.3% du budget de l’Etat dans la lutte contre la corruption, le financement s’est stabilisé autour de 0.14% ces dernières années. Invité sur les ondes du Studio Sifaka il y a quelques jours, le directeur général de l’ARAI Aimé Rasoloharimanana a justement soulevé le manque de ressources financières. « Il faut se donner les moyens de nos ambitions (…) La réalisation de ces ambitions demande plus de détermination et plus d’engagement », avait-il lancé.
Tolotra Andrianalizah