Douche froide pour la presse malgache qui célèbre la journée mondiale de la liberté de la presse. Madagascar a encore perdu des places dans le classement de Reporters sans frontières.
54ème sur 180 pays avec un score de 73.8 en 2018. 101ème sur 180 pays avec un score de 56.66 en 2023. Madagascar n’a cessé de chuter dans le Classement mondiale de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF). Le pays a encore reculé par rapport à l’année dernière où il était à la 98ème place avec un score de 58.02. En cinq ans, la Grande île est passée d’une « situation plutôt bonne » à une « situation difficile » selon la carte de la liberté de la presse de l’organisme.
Il convient de de savoir que les critères d’évaluation de RSF se basent sur cinq facteurs contextuels à savoir le contexte politique, le cadre légal, le contexte économique, le contexte socioculturel et la sécurité. D’après l’organisme, cela permet « d’appréhender la liberté de la presse sur un territoire dans sa complexité.
Sans surprise, là où le bât blesse pour Madagascar est l’indicateur économique avec un score de 36.71 qui place le pays à la 139ème place. Une fois de plus la précarité de la presse malgache, en particulier des journalistes, a été soulignée par RSF mentionnant dans le rapport la pratique généralisée du « felaka » ces enveloppes contenant quelques billets qui font partie du folklore au fil du temps. Devant l’incapacité des entreprises de presse à rémunérer convenablement les journalistes, nombreux cherchent d’autres sources de revenus les mettant parfois dans une situation de conflit d’intérêt lorsqu’ils offrent des services à des hommes politiques.
Polarisé et politisé
Madagascar peine également dans l’indicateur politique avec un score de 49.03 qui le place à la 117ème place. D’après RSF, le pluralisme et la liberté des journalistes est sont mis à mal par la mainmise des hommes politiques qui détiennent les entreprises de presse. D’un autre côté, avec l’Etat qui contrôle les médias publics, il en résulte un paysage médiatique polarisé et politisé où s’entre déchirent les médias entre pro-régime et pro-opposition.
RSF pointe également du doigt un contexte social marqué par la corruption où Madagascar s’en sort avec 58.46 pour se retrouver à la 109ème place. Sinon, l’indicateur législatif place le pays à la 94ème position avec un score de 60.9. Si la dépénalisation des délits de presse en 2016 est saluée par RSF pointe du doigt les ambiguïtés apportées par la réforme du Code de la communication en 2020 restreignant un peu plus la liberté de la presse. Par ailleurs, l’organisme souligne l’adoption de la loi sur les défenseurs des droits de l’homme et des lanceurs qui se fait attendre depuis 2021. Idem pour la loi sur l’accès à l’information public évoquée depuis 16 ans. Â
Tolotra Andrianalizah