L’Autorité nationale des mesures correctives commerciales a dirigé ce jour l’audience publique sur le cas du lait concentré sucré. Les consommateurs sont venus en masse pour faire entendre leur voix.
« Ce n’est pas le moment d’accabler davantage les consommateurs », scande une femme durant l’audience publique sur la mesure de sauvegarde du lait concentré sucré. Dans le cadre de l’enquête qu’elle a ouverte sur le cas du lait concentré sucré, l’Autorité nationale des mesures correctives commerciales (ANMCC) a entendu ce jour les parties concernées. La branche nationale constituée par la société Socolait a fait valoir ses arguments devant l’assistance pour justifier sa requête pour demander le soutien de l’Etat face à ce qu’elle qualifie de concurrence déloyale. « La production locale fait face à des difficultés importantes. Tous les acteurs de la chaine de valeurs ont été touchés sur les plans économique et sociale. L’augmentation massive du volume des produits importés a gravement affecté la production locale », indique Andry Rasoarahoana en charge des relations externes du groupe Basan, maison mère de Socolait.
L’ANMCC a en effet ouvert une enquête suite à une demande de requête soumise par Socolait. « L’analyse de la requête a permis de constater une situation critique connue par la dite branche. Ainsi, le 11 février, l’ANMCC a ouvert une enquête et a imposé de suite une mesure de sauvegarde provisoire qui prend la forme d’un droit additionnel au droit de douane ad valorem au taux de 32% », rappelle l’ANMCC. La femme qui a pris la parole d’ajouter qu’elle comprend la situation de l’entreprise malgache mais elle avance l’intérêt d’un plus grand nombre de citoyens qui subissent la hausse des prix induite par cette taxe supplémentaire.
Une requête en 2019
Participant à l’audience, le gouvernement de Malaisie, d’où provient 90% des importations, soutient que la branche locale malgache n’a pas connu de dommage grave lié aux importations. Il indique que la société malgache, comme toutes les sociétés dans le monde a subi les conséquences de la COVID-19. Il remet également en cause la fiabilité des données des importations présentées par Socolait qui ne correspondraient pas aux données des exportations par les autorités malaisiennes. En réponse, Socolait rappelle que la société avait déposé une première requête auprès de l’ANMCC en 2019. « Les anciens propriétaires de Socolait ont formulé il y a trois ans une demande d’application de mesure antidumping sur les produits importés. L’enquête a été ouverte le 25 février 2019 et a été menée par l’ANMCC mais le processus n’a pas abouti », déplore Andry Rasoarahona.
Quoi qu’il en soit, les consommateurs ne l’entendent pas de cette oreille. Eugène Rasolofosaonina, une figure de la protection des consommateurs, exige de l’Etat de permettre aux consommateurs de choisir. Il indique qu’il revient à la société Socolait d’améliorer son produit pour convaincre les acheteurs. Un autre représentant des consommateurs a par ailleurs émis ses craintes par rapport à d’éventuelles velléités de spéculation de la part de Socolait. « Les expériences précédentes ont montré que les producteurs nationaux s’alignent sur les prix réévalués », explique-t-il. En réponse, l’administrateur de Socolait Frédéric Andriamaharo déclare que la société définit des marges et s’y tient. Il a tenu à souligner que Socolait ne souhaite pas interdire les importations mais exige un ajustement des règles du jeu en quelque sorte pour une concurrence plus loyale.
Après cette audience publique, l’ANMCC poursuivra son étude au terme de laquelle elle statuera sur l’application de manière définitive ou non de la mesure de sauvegarde. Affaire à suivre.
Tolotra Andrianalizah