Madagascar devra passer aux cribles du Groupe d’action financière internationale à partir de 2025. Conscient de l’enjeu, le directeur général du SAMIFIN se veut confiant et salue la volonté de l’Etat d’aller de l’avant.
Se donner les moyens de ses ambitions. Le Service de renseignement financier (SAMIFIN) a réuni les toutes les entités concernés par la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement pour former des task force en vue d’atteindre les onze résultats immédiats exigés par le Groupe d’action financière internationale (GAFI). Onze task forces composés de départements ministériels, de structures de lutte contre la corruption et de groupements d’entreprises ont ainsi été mis en place dans le cadre du plan de conformité et d’effectivité élaboré par le SAMIFIN et validé par le Comité national d’orientation et de coordination de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (CNOC).
Pour le directeur général du SAMIFIN Mamitiana Rajaonarison, l’objectif est clair, faire de Madagascar un pays conforme d’ici fin 2024 et aborder sereinement l’évaluation du GAFI à partir de 2025 pour éviter la liste grise. Il indique que Madagascar doit encore régler les 23 recommandations non conformes sur les 40 du GAFI. Il se veut toutefois confiant devant la volonté qu’a affichée l’Etat jusqu’ici sur ce front. Pour lui, Madagascar a démontré vouloir avancer sur ce dossier en créant entre autre le CNOC. Le plan de de conformité et d’effectivité va permettre de cadrer la mise aux normes GAFI et les différents task forces auront pour tâche de mettre en place le chronogramme d’activités jusqu’à fin 2024. « Il ne reste plus qu’à mettre en place les dispositions légales et les structures », indique-t-il.
Liste grise
Mamitiana Rajaonarison n’a pas manqué de rappeler les risques que Madagascar encourt s’il est inscrit dans la liste grise du GAFI. L’une des principales menaces est l’éviction du système SWIFT. « Il se peut qu’on nous retire la correspondance bancaire. Nous ne pourrions plus utiliser le système SWIFT et ne pourrons donc plus effectuer des transactions financières à l’international », explique-t-il. Il ajoute que certains pays ou groupement de pays placeraient immédiatement Madagascar dans leur liste noire. C’est le cas de l’Union européenne qui dans, ses directives anti-blanchiment, n’autorise pas leurs ressortissants d’investir dans les pays dans cette liste. L’enjeu est donc de taille.
Madagascar a intégré le Groupe anti-blanchiment en Afrique orientale et australe (ESAAMLAG) du GAFI en 2016. Après la première évaluation en 2018, Madagascar a été classé pays en suivi renforcé. D’après les explications du SAMIFIN, le pays devait avoir normalement deux ans pour redresser les défaillances sous peine d’être envoyé dans la liste grise.
Tolotra Andrianalizah