Le Salon international du tourisme reprend ses droits. Alors que le secteur sort de trois années difficiles avec la COVID-19, l’incertitude autour de l’issue de la présidentielle plane.
« La pire crise de son histoire ». C’est ce que le tourisme mondial a traversé avec la COVID-19 selon le président de l’Autorité de promotion du tourisme de l’île Maurice (MPTA) Donald Payen. L’île Maurice est l’invitée d’honneur de la neuvième édition du Salon international du tourisme, la première depuis la pandémie. L’heure est à la relance et c’est ce qui anime les opérateurs du tourisme venus en masse au Centre de conférences internationales d’Ivato, locaux et étrangers. Plusieurs conférences de haut niveau sont d’ailleurs prévues autour de la digitalisation, du tourisme durable et des investissements entre autres. « La reprise du tourisme est en marche selon l’OMT (ndlr, Organisation mondiale du tourisme) même si elle est inégale. 80 à 95% de récupération est prévue cette année. La région devrait atteindre la récupération totale. C’est le cas pour certaines de nos îles dont Maurice qui vient d’atteindre le niveau pré-pandémie en avril », indique Donald Payen.
Crise politique
Le ministre du Tourisme Joel Randriamandranto se veut optimiste pour Madagascar bien que le niveau avant la pandémie ne soit pas encore atteint. « Nous nous approchons des chiffres de 2019 », indique-t-il en estimant que les activités de relance entamées l’année dernière commencent à porter leurs fruits. Le ministre toutefois de rappeler les menaces qui pèsent sur le secteur à cause de son caractère qu’il qualifie de « transversal ». « Le tourisme est un secteur fragile car il dépend de certaines conditions », déclare-t-il. Parmi ces conditions figure la stabilité politique. Représentant, le président de la République au Salon, le premier ministre Christian Ntsay a justement évoqué cela dans son discours, rappelant que Madagascar doit vivre une élection présidentielle cette année. Un « défi », selon lui. « La crise politique est une responsabilité qui appelle à une maturité de l’ensemble des acteurs », glisse le premier ministre qui émet le vœu d’un scrutin apaisé comme en 2018.
Une nouvelle crise surtout politique est la hantise des opérateurs du tourisme à l’image du vice-président de la Confédération du Tourisme de Madagascar Tojosoa Razafimahefa. « Après la crise COVID-19 nous ne voulons même pas y penser », lance-t-il d’autant plus que la présidentielle se déroulera en pleine haute saison. D’après lui, 60% des arrivées sur l’île se concentrent au dernier trimestre. C’est pour cela que Tojosoa Razafimahefa indique qu’il est trop tôt pour dire que la reprise est effective ou non. De plus il souligne que les effets d’une crise politique s’étalent sur plusieurs années. « Si on s’engage dans une nouvelle crise, il sera difficile pour le secteur de s’en remettre. Il est difficile de regagner la confiance du marché. Il faut au moins cinq ans pour regagner la confiance du marché parce que Madagascar n’est pas la seule destination touristique », explique-t-il.
Tolotra Andrianalizah