Le prix actuel du maïs sur le marché intérieur laisse planer une menace pour l’élevage de poulets de chair et de poules pondeuses. Les professionnels de la filière évoquent l’importation pour pallier au problème.
Il semble loin la période où la filière avicole était sur toutes les lèvres. Il y a encore trois ans, le programme présidentiel Fihariana avait lancé le projet Akoho nakà pour soutenir les éleveurs de poulets de chair et de poules pondeuses. En 2023, la filière fait face à un énorme problème avec la hausse du prix de l’alimentation des animaux, portée par la flambée du prix du maïs. « Depuis une décennie, la production de maïs dans le pays a connu une baisse progressive à cause du changement climatique et des chenilles légionnaires entre autre », lance la secrétaire générale de l’association Interprofession aviaire (IPA) Mira Rakotondrandria. D’après elle, cela a entrainé une tension sur le marché avec une demande en hausse.
Il faut dire que l’élevage de poulet a connu un essor important ces dernières années. La production de maïs n’a cependant pas suivi ce développement et cette céréale qui entre dans la composition de l’alimentation des animaux se fait rare. Mira Rakotondrandria pointe également les spéculateurs qui faussent le marché du maïs. « Nous savons qu’il y a actuellement des rétentions de stock. Ce n’est pas normal que le maïs disparait du marché », indique-t-elle en évoquant également les greniers communautaires villageois.  Â
Importation de maïs
Par conséquent, les éleveurs sont en difficulté car ils ne peuvent pas répercuter entièrement la hausse des prix sur leurs tarifs, la faute au pouvoir d’achat des ménages. Pour maintenir leur activité, de nombreux éleveurs ont réduit leur cheptel de 50% selon Mira Rakotondrandria. Comme solution à court terme, l’IPA propose l’importation de maïs non concassé qui est actuellement interdit. L’association avance également l’exonération de droit de douane de l’importation de maïs en grain. Elle craint que le prix du kilo de maïs n’atteigne les 3 000 ariary d’ici la fin de l’année. Sur le long terme, l’IPA estime que Madagascar doit augmenter sa production de maïs. « C’est la solution la plus logique mais pour cela, il faut une politique publique claire », déclare Mira Rakotondrandria.
Un professionnel de l’élevage souligne que la viande de poulet devrait être abordable. A cause de la situation, le prix du kilo du poulet tend à se rapprocher de celui du zébu et du porc. Ainsi, un malgache consomme seulement 2.5kg de poulet par an contre une moyenne mondiale de 14 kg.
Tolotra Andrianalizah