L’exportation de viande bovine inquiète les paysans. C’est ce qui est ressorti des consultations publiques menées la semaine dernière à Taolagnaro.
Il a été décidé en conseil des ministres que des consultations publiques seraient menées avant de statuer sur la reprise ou non de l’exportation de viande bovine dans le cadre notamment du projet Bonne viande de Madagascar (Bovima). Les consultations ont eu lieu la semaine dernière à Taolagnaro. Les éleveurs présents ont surtout émis leurs craintes par rapport au maintien du cheptel bovin dans les régions concernées, Androy et Anôsy selon le directeur régional de l’Agriculture et de l’élevage à Androy Robert Helmo Mananjo. Notre interlocuteur note toutefois une méconnaissance du projet et beaucoup d’apriori sur le sujet. « Nombreux ont découvert le projet durant ces consultations. Je pense que Bovima doit renforcer sa communication », indique-t-il. Concrètement, Bovima prévoit d’acheter 20 têtes de zébu par jour soit 10 000 par auprès des éleveurs partenaires. Ils sont actuellement au nombre de 6 000 à travailler avec la société. D’après Robert Helmo Mananjo, il n’y a pas de risque que cela entame le cheptel malgache. « La demande pour la ville d’Antanananrivo est de 600 à 700 têtes par jour », ajoute-t-il en comparaison.
Lettre ouverte
Les détracteurs du projet ne l’entendent pas de cette oreille. Le député Keron Idealson parle d’un danger non seulement pour le cheptel mais pour la culture dans le sud du pays. Pour cet élu du district d’Ampanihy, les conditions ne sont pas réunies pour exporter de la viande bovine. En plus du risque sur la pérennité du cheptel, il évoque entre autres l’insécurité chronique liée justement aux vols de zébus dans cette partie de l’île. La Fédération des maires Anôsy pour sa part a adressé une lettre ouverte au principal partenaire du projet, la Banque mondiale, évoquant une « future catastrophe ». La Fédération affirme toutefois reconnaitre les retombées économiques du projet. « Si la société Bovima consent à mettre en place une politique de reproduction efficace, nous pourrions envisager une exportation d’ici 8 ans », peut-on ainsi lire.
Lancé en 2013, le projet Bovima ambitionne de mettre en place une filière bovine structurée avec en bout de chaine, l’exportation de viande. Le projet a eu le soutien de la Banque mondiale et de la Société financière internationale. Grâce à l’agriculture et l’élevage contractuels, les producteurs de fourrage et les éleveurs bénéficient d’un accompagnement. Le directeur régional de l’Agriculture et de l’élevage précise que la décision de reprendre ou non l’exportation reviendra au gouvernement.
Tolotra Andrianalizah