Sous l’impulsion des partenaires techniques et financiers, les États africains prennent graduellement conscience de la nécessité de mettre en place des filets sociaux de sécurité en direction des populations pauvres et vulnérables pour les aider à faire face aux crises et à sortir de la pauvreté extrême.
« En moins de dix ans, le nombre de bénéficiaires des filets sociaux de sécurité est passé de 1 600 personnes à un million. Cela veut dire que cela fonctionne et que Madagascar en a besoin », lance l’économiste principal de la Banque mondiale Francis Mulangu, l’un des auteurs du rapport de la Banque sur l’évolution de la pauvreté dans le pays entre 2012 et 2022. Il indique que l’institution mesure les impacts de ces programmes au fur et à mesure. « Il y a une envie de mesurer l’impact parce qu’il est important pour nous de nous assurer que les actions produisent des résultats sur le terrain », ajoute-t-il.
L’économiste principale en protection sociale Julia Rachel Ravelosoa déclare que la Banque mondiale évalue les impacts des filets sociaux sur plusieurs aspects de la vie des ménages, notamment la scolarisation des enfants, la malnutrition ou encore l’amélioration des revenus. « Nous mesurons les impacts à travers des outils rigoureux », souligne Francis Mulangu. « Nous collectons les données des ménages avant et après et nous avons également un groupe de ménages qui ne reçoivent pas les transferts que nous utilisons comme repère ». Si l’évaluation se fait en parallèle, Julia Rachel Ravelosoa indique que les impacts sont déjà palpables.
Réformes
D’après des études de cas effectuées par la Banque mondiale dans 22 pays, dont Madagascar, les programmes de transfert monétaire permettent aux ménages bénéficiaires de s’assurer que leurs enfants fréquentent plus régulièrement l’école. Par ailleurs, pour les familles les plus pauvres, l’aide financière permet de se procurer des aliments pour une meilleure nutrition. Sur ce point, Madagascar a abaissé le taux de retard de croissance chez les enfants de 49,2 % en 2010 à 40,7 % en 2020.
Julia Rachel Ravelosoa tient toutefois à souligner que les programmes de filet de sécurité ne se limitent pas aux transferts d’argent. D’autres appuis sont proposés aux bénéficiaires pour leur permettre d’améliorer leurs revenus. Elle indique toutefois que le défi est de pérenniser la protection sociale. Pour un pays comme Madagascar, cela ne pourra être possible sans la mise en place de réformes visant à dégager des fonds pour les filets de sécurité. C’est le cas notamment des subventions allouées au secteur de l’énergie, qui grève depuis plusieurs années les finances de l’État, des fonds qui pourraient financer des programmes plus ciblés pour avoir un plus grand impact sur les ménages les plus pauvres.
Tolotra Andrianalizah