Près de la moitié des Malgaches évitent de consulter un professionnel de santé malgré les symptômes.
La santé est un luxe que de nombreux ménages ne peuvent pas se permettre. L'enquête périodique auprès des ménages EPM 2021-2022 de l'Institut national de la statistique (Instat) le confirme. Près d'un Malgache sur deux préfère ne pas consulter un professionnel de santé même en présence de symptômes. 47% des hommes et 46,7% des femmes.
Sans surprise, le manque d'argent est donc la principale raison. 32,8% des répondants l’invoque, dont 33,6% chez les femmes et 31,7% chez les hommes. L’étude avance également d’autres raisons dont la sous-estimation des symptômes, 32,2% et le recours à l'automédication, 22,1%. Des réalités finalement bien malgaches que l’EPM a tout simplement mis en chiffres. Bien que l'enquête ne relie pas explicitement ces deux autres raisons aux problèmes financiers, tout porte à croire que les difficultés économiques jouent un rôle majeur. « Ces chiffres mettent en lumière l’impact potentiel des barrières économiques sur l’accès aux soins de santé, soulignant la nécessité d’explorer des solutions pour surmonter ces obstacles », souligne d’ailleurs les auteurs.
CSU embryonnaire
Dans ce sens, l’enquête souligne que l’accès à la couverture maladie peu importe sa forme peut avoir un impact significatif sur les décisions de recherche de soins. Force est de constater que seul 1% de la population y a droit. Ce qui n’est pas non plus une surprise en soi avec un secteur formel qui ne représente que 16,7% des emplois. Il existe une grande disparité entre les habitants des grands centres urbains (6%) et ceux des zones rurales (0,4%). La différence est également marquée selon le revenu, avec 5,8% des personnes considérées comme aisées bénéficiant d'une couverture, contre seulement 0,1% pour les très pauvres. « Cette distinction socio-économique soulève des questions cruciales sur l’équité de l’accès à la protection financière en matière de santé et appelle à une réflexion approfondie sur les stratégies visant à étendre la couverture maladie aux populations vulnérables », peut-on lire dans l’étude. Sur ce point, Madagascar en est encore aux balbutiements quant à la mise en place d’une couverture santé universelle notamment en faveur des familles aux revenus très faibles. Des initiatives ont toutefois porté leurs fruits avec un impact réel sur les bénéficiaires où l’intérêt est finalement de se soigner sans se ruiner.
Tolotra Andrianalizah