Depuis l’annonce du président Andry Rajoelina que le pays va apporter son aide à la République démocratique du Congo (RDC), l’opinion publique reste perplexe. Selon le locataire d’Iavoloha, la grande île va envoyer des médecins militaires pour aider dans l’est de la RDC.
Inédit. Madagascar enverra des médecins militaires en République démocratique du Congo pour apporter une assistance médicale aux victimes du conflit à l'est du pays. Une décision annoncée par le président Andry Rajoelina lors du sommet de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) à Harare, Zimbabwe, selon un communiqué sorti hier. Cette initiative s'inscrit dans les engagements de Madagascar en tant que membre de la troïka de la SADC, l’entité chargée des questions politiques, de défense et de sécurité de la communauté. L’objectif déclaré : apporter une assistance médicale aux blessés et aux déplacés du conflit. Cette initiative du chef d’Etat s’aligne à la politique adoptée par la SADC concernant la gestion de ce conflit qui tente à la fois d’apporter un soutien humanitaire et sécuritaire à la RDC
Dans un contexte politico-économique et social compliqué, cette décision divise l’opinion. Pour le professeur Ranarivony Richard, spécialiste en histoire économique et relations internationales à l'Université d'Antananarivo, l’aide humanitaire est un principe de solidarité internationale. Mais encore faut-il en avoir les moyens. Joint au téléphone ce matin, il explique qu’ "aider un autre pays n’est pas une mauvaise chose en soi, c’est ce qu’on appelle la solidarité internationale. Mais il faut se poser la question : est-ce que Madagascar en a réellement les capacités ? L’aide internationale va toujours de pair avec des intérêts stratégiques, mais compte tenu de notre situation économique et sociale, pouvons-nous nous permettre un tel engagement ? Avons-nous les médicaments et les équipements nécessaires pour ça ? La réalité, c’est que Madagascar n’a pas ces moyens. C’est ce qui alimente la colère des citoyens. Ils vivent une crise économique, subissent la flambée des prix des médicaments et peinent à se soigner. Il est donc normal qu’ils réagissent vivement à cette annonce."
Contexte
Le professeur souligne également que d’autres formes d’aide auraient pu être envisagées. Par exemple, un appui en expertise diplomatique ou en stratégie militaire, plutôt qu’un envoi de médecins militaires et de ressources médicales," Fournir de l’aide médicale alors que nous peinons à soigner notre propre population ? Ce n’est pas le bon moment", a-t-il conclu.
Pour rappel, l’est du Congo est en proie à une recrudescence des violences avec l’offensive du groupe rebelle mouvement du 23 mars (M23), que le gouvernement congolais accuse d’être soutenu par le Rwanda. En retour, le Rwanda accuse la RDC de soutenir le groupe paramilitaire FDLR, un mouvement hostile au régime rwandais. La situation a pris une tournure explosive avec l’implication de l’Afrique du sud, ayant accusé le M23 d’avoir tué plusieurs soldats de paix sur le terrain. Pretoria a prévenu qu’une nouvelle attaque contre ses forces serait considérée comme une déclaration de guerre, intensifiant ainsi la tension régionale.
Ravo Andriantsalama